Concilier la passion pour les jeux vidéo avec les responsabilités du monde réel peut être un défi, surtout pour les personnes atteintes de Trouble Déficitaire de l’Attention/Hyperactivité (TDAH). Parfois, cet équilibre numérique est bouleversé, ce qui soulève des inquiétudes concernant le Trouble du Jeu sur Internet (TJI) et l’Addiction à Internet (AI).
Cette étude se penche sur la question suivante : La médication utilisée pour le TDAH, comme le méthylphénidate (MPH), peut-elle aider à réduire les symptômes du TJI/AI chez les personnes atteintes de TDAH ?
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont rassemblé 38 joueurs ayant reçu les diagnostics de TDAH et de TJI/AI et qui n’avaient jamais pris de médicaments auparavant. Les joueurs ont été répartis aléatoirement en deux groupes. Le premier groupe a reçu un traitement (méthylphénidate) et le second groupe n’a pas pris de traitement.
L’intensité des troubles TJI/AI a été évalué trois mois plus tard.
- Les chercheurs constatent que les symptômes de TJI/AI sont améliore dans les deux groupes. Cela montre que même sans médicaments, des progrès peuvent être réalisés.
- Le traitement médicamenteux n’améliore pas les symptômes de TJI/AI. Cela montre que pour ce groupe, le méthylphénidate a été inefficace
- Le QI et le niveau d’anxiété sont apparus comme des facteurs clés pour prédire qui répondait le mieux au traitement. Par conséquent, comprendre les différences individuelles est crucial pour élaborer la meilleure stratégie.
À mon sens, cette étude met subtilement en lumière les limites de la conceptualisation actuelle de l’addiction aux jeux vidéo. Le fait que les symptômes puissent s’atténuer en l’espace de trois mois suggère que nous ne sommes pas en présence d’une addiction au sens strict du terme. Il semble plus approprié de parler d’un engouement temporaire. Sans minimiser l’impact que de telles passions peuvent avoir sur la vie des individus, je remets en question la pertinence de leur prise en charge par la psychiatrie. L’intervention psychiatrique devrait, à mon avis, se réserver aux troubles dont la gravité et la persistance justifient une telle approche.
Un autre aspect nécessite notre attention : l’observation selon laquelle le traitement par méthylphénidate ne procure pas un soulagement significatif de l’addiction aux jeux vidéo. Cette constatation soulève des questions importantes sur la nature de l’addiction en question et met en évidence la complexité de ses mécanismes sous-jacents, suggérant que les méthodes de traitement actuelles pourraient nécessiter une réévaluation approfondie pour mieux cibler cette forme spécifique de dépendance.
Bien que cela n’ait pas été son objectif, cette étude révèle les limites de la définition actuellement admise de l’addiction aux jeux vidéo. Il est essentiel de distinguer entre un engouement passager et une véritable addiction, afin de ne pas pathologiser inutilement des pratiques potentiellement éphémères et de mieux cibler nos interventions.
Salvati, A., Sesso, G., Lenzi, F., Masi, G., & Berloffa, S. (2024). Efficacy of Methylphenidate for Internet Gaming Disorder and Internet Addiction in Patients with Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder. Current Pharmaceutical Design.