Les jeux vidéo peuvent être une option efficace dans le traitement de la dépression. Des chercheurs des Universités de Caroline du Nord et de Caroline de l’Est sont arrivés  à cette conclusion en comparant les effet de plusieurs heures de jeu de Plants vs Zombie a un traitement antidépresseur classique. Ce résultat est d’autant plus intéressant qu’il est obtenu sur des personnes dont les symptômes dépressifs ont résisté à une première approche médicamenteuse

L’étude a porté sur 49 personnes pour qui un anti-dépresseur a eu des effets insuffisant après  8 semaines de traitement. Le traitement “jeu vidéo” a consisté à jouer 3-4 fois par semaine à des sessions de 30-45 minutes de Plants vs Zombies (PvZ). Un second antidépresseur (sAD) a été donné aux personnes qui ne souhaitaient pas participer à l’étude. 

Le jeu PvZ est un casual games de type “tower defense” dans lequel le joueur doit empêcher des zombies d’atteindre son camp en posant sur leur chemin des plantes qui ont des fonctions différentes. La lente courbe d’apprentissage du jeu donne au joueur une sensation de maîtrise et de compétence qui contribue au plaisir du jeu. Cette maîtrise est aussi guidée par les nombreux feedback visuels et sonores qui accompagnent les actions du joueur C’est aussi une manière de faciliter l’accès à la “zone” 

Dans le détail, les résultats montrent que l’état des personnes qui ont joué à PvZ est améliorés significativement par rapport au groupe contrôle et par rapport au groupe sAD. Le fait de jouer 30 minutes à PvZ est plus efficace dans la réduction des symptômes de la dépression que de recevoir une information sur la dépression sur le site de la NIHM. A la fin de l’expérience, 16 personnes du groupe PvZ n’avaient plus de symptôme de dépression contre 4 pour le groupe sAD

Plusieurs éléments retiennent l’attention des chercheurs : 

  1. Le traitement PvZ est efficace. Il est même plus efficace que le traitement médicamenteux
  2. L’efficacité apparaît rapidement puisque les effets positifs apparaissent en quelques semaines. 
  3. Il reste à définir la “dose” efficace : quelle est la durée, l’intensité ou la fréquence de jeu qui donnent les meilleurs résultats ?

L’étude de Russoniello et ses collègues est intéressante parce qu’elle croise des observations faites par les psychothérapeutes. En effet, il est fréquent d’entendre de la part des joueurs qu’ils utilisent leurs parties de jeux vidéo pour se mettre à l’abri de l’anxiété. Les joueurs sont très conscients que le mécanisme n’est pas efficace à long terme et qu’il peut même contribuer à aggraver leur situation. Mais du fait de l’urgence dans laquelle ils se trouvent, ils apprécient le fait que les jeux vidéo contribuent à apaiser immédiatement leur anxiété. 

Les résultat impressionnants de cette étude doivent aussi être considérés au vu de l’effet Hawthorne. Depuis l’expérience de Hawthorne sur la motivation des ouvrières, les psychologues savent qu’avoir conscience de participer à une étude peut avoir des effets positifs sur l’humeur. Il est possible que l’amélioration de l’état des personnes qui ont participé à l’étude de Russoniello soit due en partie ou en totalité a cet effet Hawthorne

Enfin, jouer est en soi un anti-dépresseur. Pour cette raison, le jeu fait partie de la boîte à outils de psychothérapeutes qui utilisent des références théoriques différentes. Il serait intéressant de mieux comprendre la part du jeu de l’amélioration du groupe PvZ en le comparant avec les effets d’un jeu non numérique.

Source :

Russoniello, C. V., Fish, M. T., & O’Brien, K. (2019). The efficacy of playing videogames compared with antidepressants in reducing treatment-resistant symptoms of depression. Games for health journal, 8(5), 332-338.