Il arrive assez souvent de croiser des articles qui appuient leur argumentation à partir des résultats d’une recherche.. Le problème est que “les études américaines” sont très nombreuses et parfois contradictoires. On arrive alors vite à deux écueils : le relativisme absolu qui affirme que tout est dans tout et son contraire et que finalement les études ne valent rien ou au contraire une réification des résultats de recherches.

Ces deux positions sont aussi fausses et néfastes l’une que l’autre. La première diminue le niveau de compétence qu’il faut pour produire une recherche. La hiérarchie des preuves est ainsi menacée puisqu’un avis énoncé par n’importe qui vaut un résultat obtenu au terme d’un long processus par un professionnel hautement qualifié. La seconde conduit à des blocages du processus de production de la connaissance en gênant toute remise en question. 

Mais alors comment se repérer ? Comment identifier les bonnes et les mauvaises recherches ? Ces questions sont cruciales pour les psychologues parce que des résultats erronés peuvent conduire a des applications tout aussi erronée ou mettre la recherche dans une impasse pendant de longues années. La réponse passe l’évaluation critique des publications.

Lorsqu’un psychologue lit une étude, il en fait une analyse critique. Dans une publication scientifique, les auteurs suivent un processus qui part d’une situation dans laquelle une question importante est repérée. Les auteurs formulent alors une hypothèse qu’ils tentent de vérifier à l’aide d’une méthodologie spécifiquement choisie pour la situation. Les résultats obtenus sont ensuite analysés, mis en perspectives par rapport aux recherches précédentes. À partir de ces nouvelles données, les chercheurs font alors des recommandations. Il y a donc un ensemble de données complexes qui doivent être exposées par les auteurs. 

Une publication scientifique est organisée autour de différentes parties qui permettent de suivre le raisonnement des auteurs. L’article commence par une introduction au terme de laquelle l’auteur formule des hypothèses. La partie Méthodologie précise comment les hypothèses sont testées. Les résultats sont exposés et discutés dans les parties Résultats et Discussion. Enfin, l’auteur fait des recommandations dans sa Conclusion. Pour avoir une compréhension critique de l’article , un psychologue évalue la revue de la littérature, les question de recherche ou les hypothèses, la méthodologie utilisée, l’échantillon sur lequel porte la recherche, le design de l’étude, les tests de mesure utilisés, les données obtenues, le traitement statistique effectué et les conclusions qu’en tirent les autres. 

Chaque partie de l’article fait l’objet d’une attention critique. Par exemple, l’Introduction amène des questions comme : la revue de la littérature est-elle complète ? Les articles cités correspondent ils au problème ? Quelle est la qualité des sources ? Comment sont présentées les sources ? Les implications de la revue sont-elles discutées ? En procédant ainsi pas à pas, le psychologue arrive à une compréhension fine de la publication.

L’analyse critique d’une recherche en psychologie est un processus long, parfois fastidieux et qui demande toujours de très grandes connaissances en psychologie. La nécessité d’avoir une grande expertise dans cette discipline pour comprendre les résultats de la recherche n’est pas annulée par le fait que l’Internet rend cette recherche facilement disponible. Elle est même rendue encore davantage nécessaire. Les publications des psychologues ne peuvent être pleinement comprises que par des psychologiques parce qu’ils ont acquis au cours de leur formation les compétences qui leur permettent de concevoir, réaliser et interpréter des recherches. Ces compétences comprennent la capacité à situer une publication dans le champ des connaissances passées et actuelles, de l’évaluer de manière critique, de pouvoir en déduire les applications pratiques.