Cole et ses collègues ont cherché à comprendre la relation entre l’utilisation problématique d’internet et des facteurs tels l’anxiété, la phobie sociale, l’introversion, le névrosisme, et l’absorption. 

  • Les résultats montrent que le groupe à haut PIU a des scores moyens significativement plus élevés dans les mesures de l’anxiété d’état et de trait, la phobie sociale et l’échelle d’absorption. 
  • Les individus à haut PIU présentent des scores moyens significativement plus élevés en nervosisme et significativement plus bas en extraversion et conscience. L’ouverture à l’expérience et l’agréabilité ne montrent pas de différences significatives. Le coefficient de corrélation r indique que le névrosisme et la conscience ont la corrélation la plus forte avec le PIU.
  • Les personnes ayant un score  PIU élevé   étaient plus susceptibles que les personnes ayant un score PIU faible de considérer la socialisation et l’évasion de la vie réelle comme des raisons de jouer

 

L’étude de Cole et de ses collègues est intéressante, En effet, avec la notion d’utilisation problématique de l’Internet, Cole et ses collègues se rapprochent du constat de nombreux chercheurs et psychothérapeutes qui ont observé que des personnes qui ont des difficultés dans leurs relations interpersonnelles, qui sont déprimées, anxieuses ou qui souffrent d’une faible estime de soi, ont tendance à trouver des satisfactions sociales et personnelles dans les jeux vidéo et plus particulièrement dans les MMORPG

Malheureusement, elle laisse aussi de coté les questions importantes Par exemple, Cole et ses collègues affirment que ’utilisation problématique de l’internet n’est pas nécessairement une addiction, mais ils ne donnent pas les moyens de faire d’identifier les personnes qui auraient une addiction dans le groupe de joueurs problématique, ni les facteurs cliniques impliqués dans l’utilisation problématique de l’Internet. Ces points sont critiques, car les psychothérapeutes ont besoin de définir correctement les problèmes de leurs patients pour avoir une chance de les traiter efficacement.

Le tableau des corrélations trouvé dresse un portrait contradictoire d’une personne qui a un PIU. Il s’agit d’urne personne qui se sent tendue, inquiète, nerveuse d’une façon générale et qui réagit préférentiellement par de l’anxiété à toute situation stressante. Elle aussi probablement de la difficulté à  détendre. Cette anxiété peut se manifester physiquement par des symptômes tels que des palpitations, des tremblements ou des difficultés respiratoires. Dans les interactions sociales, elle a tendance à penser qu’elle est observée, et jugée. Cette peur la conduit à éviter ces situations, ce qui a tendance à aggraver la phobie sociale et à limiter son épanouissement personnel. Elle a aussi tendance à être absorbée dans ses pensées, à ruminer ou à être dans une introspection excessive. Mais elle dispose aussi d’une stabilité émotionnelle et d’un calme relatif. Cette contradiction entre une personne qui est d’un côté très anxieuse tout en disposant d’une bonne stabilité émotionnelle alarme. Elle suggère fortement qu’il y a des erreurs dans la manière dont le problème est posé

Après plus de 20 ans de recherche, l’addiction aux jeux vidéo reste un sujet controversé. Les chercheurs utilisent différentes notions telles que l’addiction aux jeux vidéo, l’addiction aux jeux vidéo en ligne ou l’utilisation problématique de l’internet. Chaque construction vient avec une définition, une prévalence, et des traitements différents. Aucune ne se révèle satisfaisante lorsqu’elle est examinée avec soin. Cette insatisfaction soulève des questions critiques sur la pertinence même du concept d’addiction aux jeux vidéo. La variabilité des définitions et des critères diagnostiques suggère une certaine imprécision dans la compréhension de ce phénomène. De plus, cette notion pourrait éclipser d’autres facteurs psychosociaux importants qui influencent le comportement de jeu, tels que les dynamiques familiales, les conditions socio-économiques ou les problèmes de santé mentale sous-jacents. La classification de certaines formes de jeu intensif comme une ‘addiction’ risque aussi de pathologiser des comportements qui pourraient être simplement des formes de loisirs ou d’évasion passagères pour beaucoup d’individus. Par conséquent, il est impératif de reconsidérer et d’approfondir notre compréhension de l’engagement dans les jeux vidéo, en évitant de simplifier à l’excès un comportement complexe et multidimensionnel.