image 

Le journal Times a rapporté récemment la naissance de ReSTART, première “clinique” pour “addicts aux jeux vidéo” sur le territoire américain. La clinique est gérée par deux psychothérapeutes, Cosette Dawna Rae et Hilarie Cash qui considèrent que les jeux vidéo sont aussi addictifs que les jeux d’argent et de hasard. En fait de clinique, il s’agit de 6 places dans la maison d’une des psychothérapeutes. Au moment du reportage, la clinique n’ accueillait qu’un adolescent de 16 ans. Il en coûte à chaque patient 15.000 dollars pour 45 jours de traitement.

A titre d’indication, en France, pour 15.000 dollars, on peut payer un éducateur spécialisé à temps plein pendant trois mois. Un institut de soin a un prix de journée((montant des frais d’hébergement et de soins demandé pour chaque journée d’hospitalisation aux malades séjournants dans les établissements privés de soins ne participant pas au service public hospitalier. Il est fixé par voie de convention ou administrativement.)) tournant autour de 230 euros ; cette somme comprend l’hébergement, les soins (psychomotricité, orthophonie, psychothérapie) et les prises en charge pédagogiques. En termes de service rendu, on voit que l’on est très loin de ce que propose ReStart pour une somme équivalente !

Aux Etats-Unis comme ailleurs, malgré le lobbying de quelques psychothérapeutes comme Kimberley Young, la question de l’addiction aux jeux vidéo et à l’internet est loin de faire l’unanimité auprès des professionnels. On se souvient par exemple qu’en novembre dernier, Keith Bakker était revenu sur l’idée d’une addiction du jeu vidéo. Le docteur Charles Obrien, membre du DSM-V committee fait remarquer dans le même article que « la question centrale est l’absence de recherche sur le sujet » et fait preuve de prudence du fait des questions actuelle de politique de santé aux USA. Une reconnaissance d’une nouvelle pathologie ouvrirait des droits auprès des compagnies d’assurance et à 15.000 dollars le programme de 45 jours, il y a de quoi hésiter

Les recherches pourtant existent. Depuis 1995, de nombreuses publications ont été faites sur l’addiction à l’internet et aux jeux vidéo. Elles sont d’ailleurs suffisamment nombreuses pour qu’une méta-synthèse puisse être faite par une équipe de chercheurs de différentes universités. Cette méta-synthèse s’est donné comme objectifs de d’examiner comment l’addiction à l’Internet avait été mesurée et les aspects de l’addiction à l’internet qui avaient été étudiés. Elle s’est également intéressée à la façon dont les sujets étudiés avaient été sélectionnés et les méthodes d’analyse des données qui avaient été utilisées. Les études considérées vont de 1996 à 2006.

La conclusion de la méta-synthèse des études sur l’addiction à l’internet est sévère:

« Les analyses montrent que les études précédentes ont utilisé des critères inconsistants pour définir les addicts à l’Internet, appliqué des méthodes de recrutement qui peuvent causer de sérieux biais d’échantillonage, et examiné les données en utilisant préférentiellement des techniques d’analyse exploratoires plutôt que confirmatoire pour enquêter sur le degré d’association plutôt que les relations de causalité entre les variables. » Internet addiction : metasynthesis of 1996-2006 quantitative research