Les difficultés scolaires sont un des principaux motifs de consultation pour les enfants et les adolescents. Cela se comprend du fait que l’école est la première activité dans laquelle une performance est demandée à l’enfant. Cela permet de situer rapidement le développement de chaque enfant par rapport aux enfants de son âge. L’école étant fortement investie par les parents, chaque difficulté dans ce domaine suscite de l’anxiété ce qui les conduit plus rapidement devant un psychothérapeute.

Il m’arrive assez fréquemment de recevoir des parents qui présentent le problème de cette manière : “mon enfant passe tout son temps à jouer aux jeux vidéo. Il a de mauvais résultats à l’école”. Pour ces parents, il y a une relation directe entre les jeux vidéo et les résultats scolaires. La logique est aisément compréhensible : le temps passé à jouer aux jeux vidéo est un temps pris sur les devoirs. L’enfant n’apprend pas ses leçons, ne fait pas les exercices demandés ce qui conduit immanquablement à l’échec. 

Cependant, en psychologie, les choses sont rarement aussi simples et automatiques. Des facteurs comme le sentiment d’auto-efficacité perçu par l’enfant, son autonomie, le soutien qu’il reçoit de ses parents et son âge de développement modifient la relation entre le temps passé à faire des devoirs et la réussite scolaire. La relation entre les devoirs et la réussite scolaire, surtout pour les enfants à besoins spécifiques, n’est pas directe.

Pour un psychologue, cette situation est une hypothèse qui doit être explorée. Voici quelques unes des questions que je me pose 

  • L’enfant est il organisé ? S’il n’est pas organisé, a t’il toujours été brouillon ? Est-il possible de dater le début de la désorganisation ?
  • L’enfant est il jugé peu compétent pour les études ?
  • L’enfant a t-il tendance à procrastiner ?
  • Existe-t-il dans la famille d’autres personnes qui ont ou qui ont eu des difficultés scolaires ? 
  • L’enfant est il déprimé ? Manque-t-il d’appétit ? D’énergie ? De motivation ? Est-il triste ? Est-il pessimiste quant à son avenir ?
  • L’enfant a-t-il une faible estime de soi ?
  • L’enfant a t-il des problèmes d’attention ?
  • L’enfant a t-il une faible tolérance à la frustration ?
  • L’enfant est il anxieux ?
  • Les parents sont ils trop exigeants (du point de vue de l’enfant) ?
  • Les parents sont ils trop critiques ? (du point de vue de l’enfant) ?
  • L’enfant vit-il dans un environnement stressant ?

Certaines questions concernent spécifiquement les jeux vidéo. 

  • A quoi joue l’enfant ? Quelles sont les règles de la maison concernant les jeux vidéo ?. Sont elles respectées par les parents ? Sont elles respectées par l’enfant . Que fait on quand un règle n’est pas respectée ? 
  • Quelle est l’humeur de l’enfant avant de jouer ? 
  • Quelle est l’humeur de l’enfant pendant les parties ?
  • Quelle est l’humeur de l’enfant après avoir joué ?

Pendant la phase d’évaluation, le psychologue explore le niveau de compréhension que l’enfant a du problème, la présence éventuelle d’autres trouble que les difficultés scolaires ainsi que la sévérité du trouble, son ancienneté et la perception qu’en a l’enfant. Ce temps est souvent perçu comme trop long par les parents qui souhaitent que les difficultés de l’enfant soient rapidement prises en charge. Mais faire une évaluation correcte, c’est déjà prendre en charge les difficultés de l’enfant. Proposer une psychothérapie à un enfant qui n’a aucune conscience de ses difficultés est inutile. Proposer une rééducation à un enfant qui présente un trouble anxieux est peu efficace.

En fonction de l’évaluation de la situation (histoire de l’enfant, histoire des difficultés, histoire de la famille) plusieurs interventions sont possible. Certaines sont en direction de l’enfant, d’autres sont adressées aux parents. Il faut parfois miser plusieurs interventions, car chaque situation est éminemment unique. Beaucoup de choses peuvent être faites. Souvent, avant d’arriver chez le psychologue, beaucoup de choses ont été tentées. Il faut donc évaluer ce qui a été fait, ce qui a échoué, et ce qui a marché. 

  • Aménager les temps de classe en coordination avec les enseignants
  • Mettre en place un soutien scolaire
  • Apprendre à l’enfant à apprendre
  • Apprendre à l’enfant des techniques de relaxation
  • Apprendre à l’enfant à planifier son travail
  • Soutenir le travail de l’enfant
  • Explorer les mécanismes de coping familiaux face au trouble de l’enfant
  • Encourager l’implication des parents
  • Réduire les attentes irréalistes des parents
  • Aider les parents à construire un cadre de travail cohérent et stable
  • Confronter les attitudes auto-dépréciatives de l’enfant
  • Apprendre à l’enfant des stratégies de contrôle de soi
  • Proposer une psychothérapie

Et les jeux vidéo ? Ils sont parfois une partie du problème, mais ils ne sont pas la cause des difficultés de l’entant. Ils peuvent y contribuer en maintenant les difficultés, mais la suppression du temps de jeu vidéo ne sera jamais convertie automatiquement en bonnes notes