martinlessard is now following you on twitter!
martinlessard. Martin Lessard ! C’est Geneviève Lombard qui m’avait fait connaitre Zero secondes le blog de Martin Lessard. Je me souviens qu’à la première lecture j’avais été frappé par un de ses billets dans lequel il parlait de la mise en place de l’Internet des 6 cultures de l’Internet. Ce qui avait retenu mon attention était le fait que je retrouvais sous son clavier quelque chose que l’on retrouve dans la vie des groupe : la fonction phorique. La plus connue d’entre elle est le bouc émissaire : une personne ou une idée est chargée par le groupe de représenter tous les désagréments qu’il rencontre. Mais il est aussi des porte-parole (René Kaës, 1994), des porte-rêve, des porte-symptôme et même des porte-mort (E. Diet, 1996). Il me semblait que Martin Lessard jouait alors, au travers de ce billet, un rôle similaire : il présentait une histoire mythique de l’Internet, il ré-ordonnait toute une série d’éléments qui donnait sens au chaos des origines
Si ces retrouvailles me font plaisir, c’est aussi parce qu’être “suivi” sur twitter est toujours vécu comme une assomption narcissique : c’est bien la preuve que je suis écouté, entendu, important… Chacun complétera ici en fonction de son théâtre inconscient.
Mais ce n’est pas la seule source. Une autre en est le fait que j’ai pu cette fois ci me faire une représentation de la façon dont ce lien a pu construire. Depuis le club AEC “Blogger dans un contexte d’affaires” ou j’ai rencontré Claude Malaison et Philippe Martin, je suis en contact avec des bloggeurs québécois. J’ai aussi rencontré cet été à Ludovia Mario Asselin et comme je suis rêveur, je m’étais étonné qu’un français ait une adresse email en .ca.
En français, le mot clique a un sens légèrement péjoratif qu’il n’a pas dans le champ de la théorie mathématique des graphes. Une clique est alors un groupe dans lequel chaque acteur est relié à tous les autres. C’est un ensemble extrêmement dense, extrêmement connecté, dans lequel l’information se diffuse facilement. Etre en contact avec l’un d’eux vous met en contact avec tous. C’est ce qui s’est passé ici : j’ai été en contact avec des éléments d’une clique québécoise et petit à petit je me connecte à l’ensemble.
Autrement dit, le plaisir éprouvé est celui de ce double assujettissement que Freud (1915) assignait au narcissisme : être à soi même sa propre fin et être le maillon d’une chaîne
Martin Lessard is now commenting your blog ;-)
C’est ce qui est formidable dans les “cliques”, fortifiées par internet, la possibilité de remonter des liens rapidement pour en découvrir d’autres.
L’outil Twitter en particulier permet de rendre davantage dynamique cette “conversation”, commencée sur les blogues et qui s’est déplacée dans le micro-bloging, au coeur des “cliques”.
Ça permet d’étendre au-delà des capacités réelles notre réseau de connaissance; une forme de “prothèse” sociale augmentant nos capacités.
Ce qui me passionne de prime abord c’est que l’Homme façonne d’abord les outils, puis les outils le façonnent (McLuhan). Cet outil (les “réseaux sociaux”) modifiera sûrement quelque chose et nous nous trouvons aux premières loges pour l’observer…
et en passant,
l’hyperlien sous mon nom vers mon site est erroné.
Voici le bon url à mettre:
http://zeroseconde.com (avec ou sans www. devant)
(avec un “e” à seconde et sans oublier le http:// devant)
;-)
J’ai un peu (litote) de retard dans le suivi de mes commentaires. J’ai rectifié l’erreur de l’url.
L’idée de prothèse m’intéresse beaucoup. Est ce que tu pourrais la développer un peu, ou peu être as tu déjà écrit sur le sujet ? Personnellement, mes références iraient ici du coté de Leroy-Gourhan qui avait mis l’usage de l’outil au coeur du processus d’hominisation : tenir un silex comme un outil nous a redressé.
Quelques décennies plus tard, Foucault parlera aussi d’un grand redressement : l’intériorisation par tout un chacun, via des disciplines – dont la psychologie – d’une violence qui était autrefois ultra visible et le fait du Prince. Elle est, aujourd’hui, invisible et le fait de l’homme sans qualités.
Certes, nous serons aux premières loges pour observer ce qui nous viendra du web. Mais qui allons nous accueillir ? Que sommes nous en train de fabriquer ?
Je n’ai jamais écrit sur le sujet. Je me réfère (un peu) à McLuhan et à (par la bande) à Umberto Eco. Ce dernier avait écrit sur le signe il y a quelque décennies et il définissait, si ma mémoire ne me trahit pas, qu’une prothèse permet d’atteindre ce que nos membres naturelles ne peuvent pas faire, mais sans médiation.
Ce dernier point est important, et dans ce sens les réseaux sociaux ne seraient pas des prothèses : une médiation survient quand une image nous provient via un objet de captation (quand il y a captation, il y a manipulation des signes (ne serait-ce que par le cadrage).
Mais la frontière est floue entre prothèse et média.
McLuhan, lui, comme on le sait, était un peu moins méticuleux dans ses usages théoriques et préférait l’éclat à la validité: une prothèse est tout ce que étend les possibilités de l’humain. La formule a fait formule, mais on n’est pas plus avancé.
Je crois que l’on peut affirmer, pour répondre à ta question, que l’humain qui se forme par Internet (“on forme nos outils, puis nos outils nous forment” McLuhan) en sera qui saura développer des stratégies nouvelles de gestion de surabondance de l’information, à tout le moins.
L’être biologique, après des millions d’années d’évolution, a réussi a nous donner des capteurs de la réalité extérieure pour “stabiliser” l’environnement.
L’être social devra trouver la moyen de passer d’un univers où le nombre d’informations dans une heure dépasse celui d’un de toute une année au début de notre ère.
Ce sera la première étape: gérer la bête. Les changements, j’imagine, suivront…