SHS 2.0 : Objets et pratiques numériques est le titre d’un cycle de conférences qui aura lieu a Lille a partir du 8 mai 2010. En voici l’argument :
L’importance croissante des données numériques et de leur échange (qu’il s’agisse d’images, de textes, de vidéo, de musique ou de quelque autre « data ») a donné à l’ordinateur individuel, ou au serveur de données, une place prépondérante dans l’économie de la recherche, tout comme dans notre rapport individuel à l’information et au savoir. Sans micro-ordinateur, point de salut. Après avoir bénéficié de l’aide à l’écriture par le biais du traitement de texte, le chercheur dispose aujourd’hui d’un outil de traitement du savoir. Cet outil ordonne, classe, échange, propose, parfois impose des formats. Le numérique est un fait, il remodèle le paysage du savoir, de son apprentissage et des méthodes qui y donnent accès.
Bonne nouvelle ! Après tout, en France du moins, les SHS (lisez Sciences Humaines et Sociales) ont loupé le web 1.0. Il serait temps qu’elle se penchent sur le web 2.0 avant que celui-ci ne disparaisse sous une mutation que l’on pressant avec des dispositifs comme Twitter et Chatroulette.
La conférence s’ouvre avec Clarisse Herrenschmidt à qui l’on doit l’excellent Les trois écritures (Paris, Gallimard, 2007). Une conférence est disponible sur Canal-u.tv et elle vaut vraiment le détour. Vous trouverez aussi ici un texte qui présente les idées de son livre. Lisez aussi L’Internet entre écriture, parole et monnaie ou l’étrange cadeau des Anciens et ses accents Mc-Luhanesques.
On pourra aussi y entendre Dominique Cardon qui arpente le Web 2.0 depuis quelques temps déjà, et à qui l’on doit entre autres Le design de la visibilité et Sociogeek.
Et sinon ? Beaucoup de nouvelles têtes ! C’est un plaisir de voir d’un seul coup tant d’intelligence se pencher sur le réseau. C’est un plaisir de voir tant de personnes exercer leur intelligence sur ce qui est pour eux un nouvel objet. C’est un plaisir de les voir se passionner sur des objets qui sont pour tant des objets du quotidien.
Mais c’est aussi agaçant.C’est agaçant de voir que cet objet, “l’Internet’, est juste devenu un enjeu éditorial et de pouvoir. C’est le ”nouvel” endroit ou il fait bon être vu penser. C’est le nouvel endroit ou il fait bon publier. C’est le nouvel endroit ou il fait bon vendre des livres.
Après tout pourquoi pas ? La formation des chercheurs en SHS est longue et fastidieuse, et il n’y a pas à rougir de vivre de son travail. Mais Il est agaçant de voir tant de personnes parler du web 2.0 sans en utiliser un seul outil ! Ou sont les pages Facebook ? Ou sont les comptes twitter ? Ou sont les conversations sur les blogues ? Il n’y en a pas, simplement parce que dans leur immense majorité, les intervenants sont des croyants et non des pratiquants du web 2.0. J’aurais préféré que cela soit l’inverse, et que les réflexions se fassent à partir d’une pratique.
Longtemps, le réseau a été pensé par des amateurs. Les premières observations ethnographiques ont été faires par les digiborigènes eux-même. Ce sont eux qui ont pensé comment fonctionnent les dispositifs qu’ils inventaient comme les listes de diffusion ou les wiki. Mais il leur manquait la formation d’un sociologue, d’un ethnographe, d’un philosophe, d’un psychologue…. Il sera vraiment dommage que maintenant que les sciences humaines s’intéressent au réseau, elles manquent la rencontre parce qu’elles en ont pas une pratique suffisante !
Il n’est plus possible ni souhaitable que les réflexions sur le réseau restent enfermées dans les colloques, les livres et les facultés. Nous avons besoin et le réseau a besoin que ce qui est pensé à son propos soit partagé, diffusé et discuté sur le réseau. Je ne parle pas seulement de la mise en ligne de contenus “savants”. Je parle de la fabrique des idées, de la façon dont une idée se forme, de la façon dont une théorie s’organise, de la façon dont une pensée se pense. Je parle de ce qui est finalement le travail du chercheur : la diffusion du savoir.
Vous avez dit Creative Commons ?
Chercheurs ! Encore un effort !
Attend encore un peu, j’aurai bientôt fini mes études et sa fera un deuxième psychologue qui utilise les réseaux sociaux ^_^ Je pense qu’il en sera de même pour les autres profession, mais c’est dommage oui.
Ton article me fait penser à mon père (docteur en philosophie) qui trouve internet formidable quand je lui en parle mais qui n’utilise que Ebay et Delcampe.
Un bon article, plutôt d’accord avec l’ensemble, d’autant plus qu’étant étudiant en SHS, je peux constater au quotidien l’absence des acteurs du milieu sur le web et dans les médias sociaux plus particulièrement (je parle des chercheurs enseignants bien sur mais également de nombre de mes pairs étudiants).
Bienvenue Robin sur PsyEtGeek ;-) et merci pour ce sympathique commentaire.
Je regrette d’autant plus l’absence des SHS sur le web que je suis persuadé que nous avons besoin des regards des sciences humaines sur le web ! Mais vu que des étudiants en SHS ont déjà des blogues, je pense que c’est juste une question de temps.
(J’ai quelques données sur chatroulette, je vais sans doute m’en occuper d’ici peu.)
@Tairusu Il y a déjà beaucoup de psychologues sur les réseaux sociaux ! il suffit de demander à Facebook !
Une chose est sure : Yann Leroux est réactif! ;)
Je partage le même avis : les SHS sont nécessaires au web, sur biens des points, que ça soit pour des aspects stratégiques (étude et compréhension des cultures, des réseaux, des mouvances) que pour des aspects plus opérationnels (ergonomie des interfaces notamment).
Concernant Chatroulette, je n’ai pas encore vraiment poussé mes investigations, le futur article article de Psy et Geek va donc fortement m”intéresser…
SHS 2.0 est un cycle de conférences qui a lieu à la Maison des sciences de l’homme et de la société, à Lille. La précision ne nuit pas. Et pour aller à l’encontre de ce propos, ramener les SHS 2.0 à l’utilisation de Twitter ou Facebook est faire un bien mauvais sort aux sciences humaines et sociales. Non, les SHS 2.0 sont bien plus multiformes et riches que le seul réseau. Elles sont les contenus, la sémantique, l’ubiquité des objets, les méthodes de recherches redéfinies. Tout cela existe déjà, en acte. Je vous recommande de venir à ces conférences… Bien cordialement, FG
Bonjour Gendre,
Heureux de voir qu’il y a de la veille sur les termes “SHS 2.0”
Je ne ramène pas tout a FB et Twitter, mais ce serait bien que SHS 2.0 y soit. Vous ne pouvez pas éviter ces deux dispositifs
Il ne s’agit pas de comparer les SHS au réseau : comment pourrait on le faire ? Il s’agit de les faire exister sur le réseau Je ne souhaite rien de plus que de voir utiliser les réseaux pour décloisonner les disciplines et faire connaitre au plus grand nombre nos questions et nos débats. Et, je suis désolé d’insister, mais lorsque l’on demande des nouvelles de SHS 2.0 à google, on tombe sur des dispositifs fermés.
Ouvrez au moins un blog, de grâce !
Merci de l’invitation à Lille. Dois-je venir comme blogueur invité ?