Les jeux vidéos rendent-ils intelligent ? Voila la question à laquelle une étude publiée dans le Bulletin de psychologie en décembre 2008 permet  de répondre.

Réalisée par  Sonia Lorant-Royer, Veronika Spiess, Julien Goncalvez et Alain Lieury, elle s’est attachée à comparer les effets de jeux de type "entrainement cérébral" sur Nintendo DS avec des jeux papier-crayon et un groupe témoin. Les jeux étaient  Le Programme d’entrainement cérébral, Cerebrale académie et Gym-cerveau

Les résultats précédents

Les publicités de jeux tels que Programme d’entrainement cérébral et de Cerebrale académie sont basées sur l’idée que l’entrainement peut améliorer le fonctionnement intellectuel. Celui-ci fonctionnerait d’autant mieux qu’il serait régulièrement sollicité par des exercices spécifiques. Cette idée s’ancre dans deux séries de résultats.

La première nous vient de la psychologie du développement. Depuis les observations de René Spitz en 1945 sur l’hospitalisme, les psychologues savent que le développement du petit d’homme peut être considérablement altéré s’il ne bénéficie pas des bonnes stimulations pendant une période critique. Ce développement est par ailleurs susceptible de reprendre si l’enfant est a nouveau placé dans un environnement adéquat.

Du coté des jeux vidéos, des corrélations avaient été notées entre la pratique de ce types de jeu et la coordination visuo-motrice, l’attention visuelle, ou la mémoire des chiffres. Du fait que les tests de Quotient Intellectuel font appel à ces fonctions, il était tentant de penser qu’il devrait être possible d’améliorer le QI en jouant à des jeux vidéos.

 

Les résultats des études

La première étude a comparé un groupe d’élèves de 6ième et de 5ième (N=91) s’entrainant avec Gym Cerveau et des jeux papier crayon et a été réalisée en  1996. Les résultats monrent aucune différence entre les groupes pour les tests de mémoire. L’influence sur les résultats scolaires est également nulle. Ce qui augmente, c’est la compétence perçue : les joueurs ont l’impression d’être de plus en plus bons au fil des entrainements. L’intéret pour le jeu n’augmente pas, ce qui laisse à penser que l’entrainement aurait finalement été abandonné.

Les auteurs concluent :

Un programme d’entrainement non spécifique des matières scolaires, la Gym-Cervau, échoue à permettre une amélioration soit de tests basés sur des épreuves de mémoire de type scolaire soit, a fortiori à permettre une amélioration à plus long terme, sur les notes scolaires elles-mêmes.

La seconde étude porte sur le jeu de Ryuata Kawashima. Neurophysiologiste, Kawashima a selectionné une série d’exercices dont on sait qu’ils activent préférentiellement la région préfrontale : lecture à voix haute, calcul élémentaire, tests d’attention ou de poursuite, épreuves de mémoire.

L’étude a porté sur  des élèves de CM1 avec un effectif total de 49. Les jeux vidéo utilisés étaient L’entrainement cérébral et Cérébral academie. Là encore,les résultats sont clairs : on ne trouve aucun effet d’entrainement sur les matières scolaires ou des fonctions cognitives mis à part en Mémoire des chiffres. Pour le reste la progression est nulle, ou équivalente au groupe contrôle. En clair, on progresse autant en faisant rien qu’en jouant à L’entrainement cérébral ou à Cérébral academie

 

Une conclusion ?

Le Dr Kawashima rejoint la longue liste des marchands de rêve, son programme est un jeu et rien de plus

 

 

Un petit plus ?

Pour un psychologue, ces résultats ne sont pas surprenants. Ce qui l’est, c’est l’idée que le quotient intellectuel pourrait s’entraîner de la même façon que l’on entraîne un muscle. Jouer a un jeu vidéo peut procurer du plaisir, et jouer régulièrement peut améliorer les performance a ce jeu. Rien de plus.

Pas tout à fait. Il y a des effets de bande qui sont notés dans l’étude à propos de la motivation. Un étude précédente avait comparé une cinquantaine de jeux dont des jeux vidéos, et avait mis en évidence que l’on pouvait les classer en fonction du type de motivation qu’ils suscitaient. Les jeux de découverte correspondent à la motivation intrinsèque. Les jeux de compétition (football, golf…) correspondent à l’implication par rapport à l’égo tandis que les jeux d’argent correspondent a la motivation extrinsèque. Une augmentation de la motivation intrinsèque donne l’impression d’être efficace sans que cela soit vraiment le cas pour la mémoire, l’attention ou le raisonnement.

L’étude : Programmes d’entraînement cérébral et performances cognitives : efficacité, motivation… ou « marketing » ? De la Gym-Cerveau au programme du Dr Kawashima…