Les jeux vidéo, bien qu’initialement conçus pour le divertissement, se révèlent être des outils prometteurs dans le traitement des troubles mentaux tels que la dépression et l’anxiété. De nombreuses études récentes, démontrent leur potentiel à améliorer l’humeur, réduire le stress et renforcer les capacités cognitives. Qu’ils soient commerciaux ou spécialement développés à des fins thérapeutiques, ces jeux offrent des approches variées, allant de la distraction cognitive au soutien social, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans le domaine des soins psychologiques.
Selon Kowal et al. (2021), les jeux vidéo commerciaux représentent un outil prometteur pour traiter les symptômes de dépression et d’anxiété. Ces jeux, initialement destinés au grand public, offrent des expériences immersives qui peuvent aider les joueurs cliniquement déprimés à gérer leurs émotions Les jeux commerciaux, en offrant un espace d’évasion temporaire, peuvent améliorer l’humeur et réduire l’anxiété en apportant un sentiment de maîtrise et d’accomplissement. Leur accessibilité et leur attrait permettent d’atteindre une large audience, y compris des personnes réticentes à suivre des traitements conventionnels.ces résultats prometteurs ne sont pas isolés. En effet, une analyse plus large réalisée par Pine et al. (2020) a révélé l’impact positif des “casual games”, des jeux simples et accessibles, sur la santé mentale. Après avoir compilé les résultats de 13 études, les auteurs concluent que ces jeux présentent un potentiel intéressant pour réduire l’anxiété, la dépression, ainsi que les effets du stress. Leur simplicité et leur accessibilité permettent aux joueurs d’y trouver un moment de détente et de distraction, ce qui peut atténuer la rumination mentale et offrir une forme légère de thérapie quotidienne.
Alors que Pine et ses collaborateurs se sont concentrés sur les effets généraux des jeux vidéo, d’autres chercheurs ont comparé leur efficacité à des traitements plus conventionnels. Par exemple, Russoniello et al. (2019) ont cherché à déterminer dans quelle mesure les jeux vidéo pouvaient rivaliser avec les antidépresseurs dans le traitement des symptômes de dépression. Leurs résultats sont frappants : les joueurs de “Plants vs Zombies” (PvZ) ont vu une amélioration significative de leur état par rapport au groupe témoin. Cela ouvre la porte à une nouvelle manière de considérer les jeux vidéo, non seulement comme une source de divertissement, mais aussi comme une intervention viable pour traiter la dépression résistante aux traitements standards (TRDS).
Le potentiel thérapeutique des jeux vidéo ne se limite pas aux jeux de type casual ou aux jeux de puzzle comme PvZ. Zhang et Kaufman (2016) ont examiné un genre bien différent : les jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs (MMORPG). Contrairement à l’idée répandue que ces jeux peuvent favoriser l’isolement social, les auteurs soulignent l’effet positif des MMORPG sur la santé mentale des joueurs. Les interactions sociales riches et les dynamiques de groupe au sein des guildes contribuent à réduire la solitude et à améliorer le soutien social, des éléments essentiels pour le bien-être psychologique. Cela montre que ce n’est pas tant le jeu en lui-même, mais la qualité des relations nouées en ligne qui a un effet profond sur la santé mentale.
Si les jeux multijoueurs permettent une amélioration par le biais du soutien social, certains jeux peuvent agir directement sur les capacités cognitives et émotionnelles des joueurs. Par exemple, Kühn et al. (2018) ont démontré qu’après six semaines de jeu au “Boson X”, les adultes souffrant de dépression présentaient une réduction de la rumination mentale, une amélioration des fonctions exécutives et une meilleure performance cognitive. Cette étude illustre comment les jeux vidéo peuvent avoir des effets positifs sur le plan cognitif en plus de leurs effets émotionnels, renforçant ainsi leur potentiel thérapeutique.
Une autre piste intéressante est apportée par des jeux vidéo spécifiquement créés pour un usage thérapeutique. Carrasco (2016), par exemple, rapporte des résultats encourageants avec l’utilisation d’un jeu vidéo conçu sur mesure pour traiter l’anxiété et la dépression. Le jeu vidéo Maya, basé sur les modèles de thérapie cognitive-comportementale (TCC) et interpersonnelle, a été développé et testé. Les participantes ont joué au jeu en ligne, et leur acceptabilité a été évaluée par un questionnaire en ligne. Les psychothérapeutes et les patientes ont été interviewés pour recueillir leurs impressions. Contrairement aux jeux commerciaux, ces jeux thérapeutiques sont développés avec une intention thérapeutique claire, intégrant des techniques psychologiques telles que la gestion du stress et l’exploration émotionnelle. En associant des éléments de gamification à des stratégies thérapeutiques, ils offrent une méthode ludique mais sérieuse pour améliorer la santé mentale des joueurs souffrant de troubles anxieux et dépressifs. Neuf des 15 patientes ont trouvé le jeu acceptable et ont estimé qu’il pouvait les aider à améliorer leurs compétences sociales et leur santé mentale. Les thérapeutes ont noté que le jeu facilitait les interactions thérapeutiques et aidait à établir des liens entre les situations de jeu et la vie réelle des patientes. Cependant, certaines adolescentes n’ont pas réussi à établir des connexions directes entre le contenu du jeu et leurs propres expériences sans l’aide du thérapeute.
Face à ces résultats encourageants, certains chercheurs, comme Franco (2016), soulignent la nécessité de poursuivre et d’étendre les recherches sur le sujet. En particulier, Franco appelle à davantage de publications sur l’utilisation des jeux vidéo dans les thérapies narratives. Ces dernières, qui permettent aux patients d’exprimer et de reconstruire leurs histoires personnelles, pourraient bénéficier des caractéristiques interactives des jeux vidéo. Cette approche offrirait une nouvelle façon pour les individus de se reconnecter avec leurs émotions et de transformer leurs récits de manière engageante et immersive.
Ainsi, l’ensemble de ces études souligne l’immense potentiel des jeux vidéo, qu’ils soient commerciaux ou thérapeutiques, dans le traitement des troubles mentaux. En offrant des mécanismes diversifiés – de la distraction cognitive à l’amélioration des fonctions exécutives, en passant par le soutien social – les jeux vidéo se dessinent comme un outil complémentaire, voire alternatif, aux méthodes thérapeutiques traditionnelles. Ces perspectives ouvrent la voie à une intégration de plus en plus importante des jeux vidéo dans les soins psychologiques du futur.