à Les jeux vidéo sont-ils à l’origine de ces troubles, ou les comportements observés reflètent-ils d’autres difficultés préexistantes ? Les résultats d’une étude menée par la docteure Stephanie Bioulac permettent de répondrecette question.

Son étude a rassemblé 50 enfants âgés de 6 à 16 ans dont 29 ont un diagnostic de TDH/A. Les enfants et leurs parents sont questionnés sur leurs habitudes vidéo ludiques avec le Problem Videogame Playing de Tejero et un questionnaire d’utilisation des jeux vidéo (uniquement destiné aux parents). L’examen des réponses montre qu’il n’y a pas de montée en fréquence et en durée du comportement vidéoludique. Il n’y a pas non plus de différence entre les deux groupes sur le questionnaire donné aux parents. Les enfants TDA/H ont plus de difficulté que les autres à arrêter de jouer de leur propre initiative, ils ont aussi des scores plus importants à la Problem Videogame Playing.

L’analyse des données montre que les enfants TDAH qui obtiennent des scores élevés sur l’échelle PVP semblent avoir une intensité de trouble plus marquée. On peut donc conclure que l’intensité du TDAH pourrait se refléter dans les comportements de jeu problématiques, mais cela ne signifie pas que les jeux vidéo causent cette intensité. Il semble plutôt que les enfants ayant un TDAH plus sévère soient davantage attirés par les jeux de manière problématique.

Puisque la fréquence et la durée de jeu ne diffèrent pas significativement entre les enfants TDAH et les contrôles, on peut en déduire que les jeux vidéo en eux-mêmes ne sont pas responsables d’un usage problématique. C’est plutôt l’intensité du TDAH qui pourrait influencer la manière dont certains enfants interagissent avec les jeux, entraînant des comportements plus problématiques chez ceux ayant des troubles plus sévères.

Les enfants TDAH, en particulier ceux dont le trouble est plus intense, pourraient utiliser les jeux vidéo comme moyen de gestion ou de compensation de leur agitation ou difficulté de concentration. Les jeux peuvent fournir une stimulation constante qui attire leur attention et qui pourrait être plus satisfaisante que d’autres activités moins engageantes.

Désigner les jeux vidéo comme cause première de comportements problématiques serait non seulement erroné, mais également simplificateur. Il est plus pertinent de considérer ces comportements comme reflets d’autres difficultés sous-jacentes, comme l’intensité du TDAH. Plutôt que de parler d’« addiction » au jeu dans ces cas, il serait préférable d’examiner comment les jeux vidéo servent parfois de mécanisme de gestion ou de compensation des symptômes du TDAH.

Bioulac, S. (2015). Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité et Technologies de l’Information et de la Communication. Psychotropes, 21(4), 55-78.