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C’est le festival du jeu vidéo ! Du 18 au 20 septembre 2009, la tribu des gamers pourra se retrouver a Paris, porte de Versailles. Les casual gamers, les hardcore gamers, les no-life, les n00b, les quitters, les campers, les grey-killers, les retro gamers… pourront faire passion commune.

 

Il y a quelques conférences mais elles sont très orientées technique.  La conférence sur le serious gaming va sans doute être passionnante, mais il y manquera des sciences sociales. Les organisateurs gagneraient beaucoup, je pense, à mettre en place des conférences permettant aux chercheurs en sciences sociale  de faire part de leurs travaux. Cela permettrait de faire connaître l’étendue, la diversité et la complexité du jeu vidéo. Le jeu vidéo, ce n’est pas simplement presser quelques boutons. Cela met en jeu des imaginaires, des histoires, des cultures, des dispositifs de jeu et d’écriture. Toutes les sciences humaines, de la psychologie a l’histoire, en passant par la sémiologie et l’anthopologie ou l’esthétique… toutes les sciences humaines ne sont pas de trop pour comprendre une simple partie de Pong !

Hier, le politique manquait une rencontre avec la blogosphère. Aujourd’hui, ce sont les jeux vidéos qui manquent de rencontrer la recherche ! Pourtant, les sciences sociales ne manquent pas d’arpenter les mondes numériques et on fait des jeux vidéo leur objet de prédilection. Nous n’avons pas grand chose a dire sur la façon dont on fait un bon jeu, mais nous avons a dire sur la façon dont le jeu vidéo se mélange a la société, sur les idéologies dont il se fait le porte drapeau, sur les usages qu’il permet individuellement et collectivement. Le jeu vidéo est une formidable usine a questions sur la façon dont nous vivons nos vies en ligne et hors ligne. Par exemple, c’est dans les jeux vidéo que se sont posés les premières questions sur les rites funéraires : que faire de l’identité en ligne d’une personne qui est décédée hors ligne ?

Dans l’espace médiatique, le festival du jeu vidéo est malheureusement l’occasion de sortir le marronnier de l’addiction aux jeux vidéo. Sur Europe 1, Marc Olivier Fogiel invite Nicolas Gaume et William Lowenstein  a échanger sur le sujet : les jeux vidéo sont ils dangereux ?. Echange est sans doute de trop : il s’agit d’une embuscade dans laquelle les jeux vidéo sont immediatement pris a partis. Olivier Mauco en donne une bonne analyse sur son blogue avec le billet L’urgence du non débat et dans les commentaires (le reconnaitrez vous ?) J’ajouterai qu’il y a une sorte de haine de ce qui est compris comme un élément de la culture jeune qui est plus qu’inquiétante. Plus le pays vieilli, plus il suspecte sa jeunesse et met en place des dispositifs ségrégatifs.

 

Le ministre de la culture a annoncé la création d’un Observatoire des jeux vidéo. Je suis tout a fait conscience qu’il s’agit d’une industrie dont il faut protéger et soutenir les investissements. Mais le jeu vidéo est une industrie particulière. Et là aussi, les sciences humaines auraient leur place.