“Stop Teaching our kids to kill” est un livre qui ne s’embarrasse de sophistications rhétoriques. Dave Grossman, colonel psychologue de l’US Marines Corps, et Gloria DeGaetano, journaliste, s’attachent à montrer le lien entre la violence et les jeux vidéo. Le pacte passé avec le lecteur est des plus clairs : “Nous vous donnerons les faits, nombreux, issus de la recherche, qui existent sur le sujet, et les moyens de faire la différence – à la maison, dans votre communauté, et dans le monde en général – et nous aiderons ainsi à résoudre ce problème et créer un environnement plus sur pour tous”

Pour tenir cette promesse, les auteurs commencent par dresser un portrait terrible de la société américaine

Le meurtre est la seconde cause de mortalité chez les jeunes entre 15 et 24 ans. Pour les noirs, c’est la première cause de mortalité

  • Toutes les 5 minutes un enfant est arrêté pour un crime avec violence
  • Un enfant américain meurt toutes les trois heures par armes a feu
  • Un enfant de Washington D.C ou Chicago a 15 fois plus de chances d’être assassiné qu’un enfant d’Irlande du Nord
  • Tous les jours, 270.000 enfants vont à l’école avec une arme à feu
  • Un enfant sur cinquante a un parent en prison
  • 160.000 enfants manquent l’école à cause du harcèlement
  • Une fille sur trois et un garçon sur sept sont victimes d’abus sexuel avant leurs 18 ans

Bien évidement, ils concèdent que les facteurs explicatifs de cette violence sont nombreux :  la pauvreté, le racisme, la maltraitance infantile et la drogue sont donnés en exemples. Mais in fine, lorsque qu’il ne faut garder qu’un seul facteur déterminant, une figure se détache de l’ensemble : les média.

Dans les 40 dernières années, l’environnement médiatique s’est extrêmement développé aux USA. Les enfants biberonnent des images et dans la plupart des cas des images violentes. Les jeux vidéo illustrent cette évolution puisque l’on est passé de “l’inoffensif Pong” à des “simulateurs de meurtre” dans lesquels les enfants apprennent le gout du sang.

Les auteurs s’appuient sur des statistiques officielles montrant une évolution des crimes violents aux USA. Ils produisent plusieurs montrant cette évolution. Par exemple, la FIGURE 1 compare les meurtres, les voies de fait grave et le taux d’emprisonnement (ce dernier étant peu lisible du fait de l’échelle utilisée). On constate que les taux de meurtre et de voie de fait grave augmentent depuis les années 1950. On constate également un

La courbe montre une augmentation constante des crimes violents aux USA  qu’il s’agissent des meurtres ou des voies de fait graves. La courbe des taux d’emprisonnement est difficilement interprétable du fait de l’échelle utilisée. Mais on constate également à partir de 1990 un brusque décrochage du nombre de meurtres a partir des années 1990.

Aux USA, la criminalité décroit régulièrement depuis plusieurs années dans de nombreux secteurs.  Le nombre de jeunes délinquants a diminué de plus de la moitié entre 1994 et 2010 tandis que dans le même temps le volume de jeux vidéo vendus a plus que doublé (source NYT). Le taux de criminalité est le plus bas qu’ait connu le pays depuis 40 ans !

Lier de façon étroite les jeux vidéo violents et la violence ne correspond pas à ce que l’on observe sur le terrain. D’abord, parce que ce on n’a jamais autant vendu de jeu vidéo depuis dix ans. Même si les jeux vidéo violents ne sont pas les plus vendus, il s’en tout de même vendu davantage que les années précédentes. Ensuite, parce que le paysage présenté par Grossman et DeGaetano ne correspond pas à ce qui est observé dans les tribunaux de justice. Après une augmentation régulière, la criminalité décroit.  Curieusement, c’est lorsque que la criminalité violente a commencé à diminuer aux USA que les polémiques à propos des jeux vidéo violents commencent à se développer

Comment expliquer ce reflux significatif ?  Peut on lier cette baisse à l’utilisation massive des jeux vidéo ? Peut-on voir dans la diminution de la violence aux Etats-Unis un effet Mario ? Certainement pas. Même s’il s’agit de données préliminaires, on peut penser que les même facteurs qui associés a la hausse de la criminalités sont responsable de sa baisse. Or, ceux-ci sont connus : la maltraitance infantile, les gangs, la drogue et le niveau d’éducation sont liés à la criminalité. Il est possible que la baisse observée à partir des années 90 soit liée a la fin de l’ épidémie de crack qui a crack qui a provoqué une hausse de la criminalité dans les villes. Elle peut également être liée au vieillissement de la population américaine

En conclusion, il est aussi hasardeux de lier les jeux vidéo aux comportements violents, que ce soit dans le sens de leur augmentation que de leur réduction