L’impact de l’utilisation des médias électroniques sur le sommeil des enfants a été un sujet d’étude prépondérant dans la recherche contemporaine en pédiatrie et en psychologie du développement.
Les études menées par Garrison et Christakis montrent une relation notable entre l’utilisation des médias et les perturbations du sommeil chez les enfants d’âge préscolaire. Les chercheurs ont étudié le sommeil des enfants à l’aide du Children’s Sleep Habits Questionnaires et de journaux établis par les parents. Une évaluation quantitative et qualitative de la télévision, de l’ordinateur et des jeux vidéo a ainsi été possible. Une régression statistique a permis d’évaluer l’impact de la durée, des contenus et des co-utilisation sur les difficultés de sommeil. (Garrison et al., 2011)
Pour les auteurs, les problèmes de sommeil sont liés aux médias par trois routes différentes. Tout d’abord, ils retardent le moment de s’endormir puisque l’enfant est occupé à autre chose. Ils sont aussi tendance à augmenter le niveau d’excitation de l’enfant. Enfin, ils peuvent augmenter l’anxiété de l’enfant au moment de se coucher. Il s’ensuit des problèmes de sommeil comme l’augmentation du temps nécessaire à s’endormir, des cauchemars, des réveils nocturnes et des difficultés à s’éveiller. Du côté des médias, les contenus violents, l’utilisation d’un média en fin d’après midi et le fait d’avoir un média dans la chambre est un facteur aggravant. Pour chaque heure supplémentaire de contenu violent , les troubles du sommeil de l’enfant augmentent. Cet effet n’est pas trouvé pour les contenus non violents.
L’utilisation de médias électroniques, notamment les tablettes, les téléphones portables et les jeux vidéo, a été associée à des retards dans l’heure du coucher et l’endormissement chez les enfants âgés de 0 à 5 ans. Plusieurs études ont trouvé un lien entre l’utilisation de ces appareils avant le coucher et une latence d’endormissement prolongée, ainsi qu’une association entre la présence d’une télévision dans la chambre et des coucher plus tardifs en semaine. Cependant, l’impact de l’utilisation des ordinateurs et de l’Internet sur la latence d’endormissement n’a pas été établi de manière concluante (Lund et al., 2021)
La qualité du sommeil peut également être affectée, avec des preuves incohérentes concernant les réveils nocturnes et les troubles du sommeil liés à l’usage général des écrans. Une étude d’intervention a démontré que la promotion de contenus prosociaux sur les médias électroniques pouvait réduire les problèmes de sommeil (Lund et al., 2021)
Concernant la durée du sommeil, il a été constaté que le temps total passé devant un écran était associé à une durée de sommeil plus courte, de même que le visionnage de la télévision et l’utilisation de tablettes ou d’écrans tactiles. Aucune association n’a été trouvée pour l’utilisation des téléphones portables et des jeux vidéo (Lund et al., 2021)
Une relation complexe
La relation entre le sommeil et les écran reste cependant complexe. Il est tout d’abord inexact d’affirer que ‘une manière générale et uniforme, les écrans nuisent au sommeil.
Dans une autre étude, les chercheurs ont montré que l’effet des médias sur le sommeil des jeunes enfants pouvait être mitigé après une intervention appropriée. Lorsque les parents remplacent les média violents ou inappropriés à l’âge des enfants par des contenus éducatifs, la qualité et la quantité du sommeil des enfants s’améliore considérablement. Leur travail met en lumière comment des interventions ciblées, encourageant une consommation médiatique qualitative, peuvent réduire les troubles du sommeil en limitant l’exposition à des contenus inappropriés, notamment violents. Ces recherches insistent sur l’importance de la qualité plutôt que de la quantité du contenu médiatique consommé par les enfants (Garrison & Christakis, 2012).
De plus, la revue systématique de travaux de Hale et Guan al’association entre le temps d’écran et les modifications du sommeil, montre des interactions complexes entre le type de contenu, le timing de consommation et le contexte familial?. une conclusion importante de leur revue systématique de la littérature est la relation causale écran – trouble du sommeil n’est pas trouvée par les études. Celles-ci présentent par ailleurs des biais méthodologiques qu’il faut prendre en compte avant de tirer des conclusions (Hale & Guan, 2015)
Voir les écrans uniquement sous un angle négatif ne correspond pas aux résultats de la recherche. Cela est vrai pour le sommeil, mais aussi pour ‘autres aspects de la vie des enfants. . En effet, il a été mis en évidence que dans certains condtions, l’utilisation des écrans pouvait être associé à des aspects positifs pour le développement. Par exemple, le visionnage de contenus éducatifs adaptés à l’âge avec un adulte engagé peut renforcer les compétences cognitives telles que l’attention, la mémoire et la pensée, tout en évitant les inconvénients du visionnage solitaire, tels que l’exposition à des contenus violents ou inappropriés. De plus, des activités d’écran combinées à des jeux créatifs ou actifs, tels que chanter, danser ou répéter des langues, peuvent être bénéfiques (Lund et al., 2021).
Pour les parents et les éducateurs
Les parents et les éducateurs peuvent retenir les éléments suivants
- les écrans en soi ne sont pas problématiques
- Les contextes d’utilisation et les contenus non adaptés a l’âge de développement de l’enfant peuvent être problématique
- Les contenus sur-excitants ou violents avant le coucher sont préjudiciables a l’endormissement et au sommeil
- Les adultes doivent privilégier les contenus qui enrichissent les apprentissages des enfants, tout en tolérant certains contenus qui peuvent leur sembler inutile ou “bêtes”
- Les adultes doivvent aider les enfants à établir des routines d’endormissement et de veiller à ce que la chambre soit un sanctuaire propice au repos