Le temps que les enfants passent devant les écrans est une préoccupations pour les parents et une source fréquente de conflits. Cependant, selon la dernière recherche du psychologue Christopher FERGUSON publiée dans le Psychiatric Quarterly, ces inquiétudes et ces conflits sont le plus souvent vains. En effet l’association entre le temps d’écran et des problèmes psychologiques comme la dépression ou des troubles de comportement est négligeable. De ce point de vue les pratiques éducatives fondées sur la limitation du temps d’écran pour les enfants sont infondées et peuvent donner des résultats contre productifs.
Ces résultats vont dans le sens du changement d’attitude des professionnels de l’enfance vis à vis des écrans. L’année dernière, les pédiatres américains ont abandonné la recommandation de deux heures d’écran par jour pour les enfants au regard des nouvelles données issues de la recherche.
Les recommandations sur le temps d’écrans reposaient jusqu’à présent sur des intuitions et des observations anecdotiques. L’article de Ferguson répond à une question de recherche qui était jusque là encore inexplorée : plus de temps d’écran est il lié à plus de problèmes psychologiques ?
Pour répondre à cette question, FERGUSON et son équipe se sont servis de données qui questionnaire de 2013 d’enfants de l’etat de Floride. Le questionnaire permettait d’obtenir des réponses sur les temps de sommeil, l’activité physique, les repas familiaux, des symptômes de dépression, des conduites à risque, des troubles du comportement alimentaire, l’activité sexuelle, le temps passé à jouer aux jeux vidéo et à regarder la télévision.
Les résultats de l’étude de FERGUSON montré que les enfants sont résilients jusqu’à 6 heures d’écran par jour. Lorsque des éléments négatifs sont noté, il sont faibles et concernent davantage les garçons que les filles. Le calcul statistique permet d’estimer que le temps passé devant un écran compte pour 0.49% de la variance de la délinquance, 1.7% des symptômes de dépression et 1.2% des notes. Il est sans lien avec les pratiques sexuelles risquées, l’utilisation de drogues ou encore la conduite automobile risquée. Ce résultat va a l’encontre de publications précédentes. BEULLENS avait montré un lien entre les jeux de voiture et les conduites à risque sur la route. Mais la taille de l’effet trouvée était faible ce qui veut dire faisaient partie de facteurs parmi d’autres
Les parents limitent souvent le temps d’écran parce qu’ils pensent que les écrans sont liés à des comportements problématiques. L’étude de FERGUSON montre que le temps d’écran n’est pas la bonne clé pour agir. La restriction du temps d’écran est souvent mise en place par les parents parce qu’elle est facile à mettre en place et à évaluer. Les systèmes de contrôle parental permettent de bloquer l’utilisation d’une tablette ou d’un ordinateur à des pages précises. Mais cela n’est pas une bonne manière de limiter les comportements problématiques des adolescents. Cela crée par ailleurs dans la famille des problèmes et des tensions supplémentaires. Les parents doivent alors passer beaucoup de temps à gérer ces problèmes ce qui les rend moins disponible pour traiter les difficultés qu’ils visaient initialement. Une méthode plus efficace consiste à accompagner l’adolescent dans la manière dont il utilise les écrans et à l’aider à construire les littératies qui lui permettront d’évaluer les média qui passent dans ses flux d’information, à gérer les problèmes comme le vol d’identité et les agressions en ligne.
SOURCES
Christopher J. Ferguson, Everything in Moderation: Moderate Use of Screens Unassociated with Child Behavior Problems, Psychiatric Quarterly (2017). DOI: 10.1007/s11126-016-9486-3
Beullens, K., Roe, K., & Van den Bulck, J. (2011). Excellent gamer, excellent driver? The impact of adolescents’ video game playing on driving behavior: A two-wave panel study. Accident Analysis & Prevention, 43(1), 58-65.
Beullens, K., Roe, K., & Van den Bulck, J. (2008). Video games and adolescents’ intentions to take risks in traffic. Journal of Adolescent Health, 43(1), 87-90.
beaucoup de mal avec ce type d’études dont la méthodologie me laisse pantoise… Tout à fait d’accord pour accompagner plus que compter, même si on le sait, tout est bon à qui sait ne en pas abuser.
Vous traitez le problème du temps passé a jouer en introduction, mais pas dans la manière d’aider l’adolescent !
Et c’est tout le problème! Passer 6 heures / Jours à jouer à starwars battlefront n’est pas la manière la plus efficace pour se constituer un bagage culturel…
Apres bien sur qu’il faut accompagner pour juger de la pertinence des sites… Mais c’est une pratique mineure pour les garcons pre ados / Ados….
Cher collègue, l’information et l’écho que vous en faites sont très intéressants. Votre directeur de thèse, Serge Tisseron risque d’en prendre ombrage lui qui développe la prévention autour du temps d’écran… Mais comme souvent j’apprécie vos positions à contre courant qui invitent au doute, à la réflexion. Peut-être que le propos de S.Tisseron reste juste pour les moins de 3 ans? D’ailleurs je ne crois pas qu’il (le propos) vous contredissent.
Par ailleurs, par souci de justesse, je vous signale une simple erreur dans cette phrase “qui questionnaire” :”Pour répondre à cette question, FERGUSON et son équipe se sont servis de données qui questionnaire de 2013 d’enfants de l’etat de Floride”.
Bien à vous
Au plaisir de vous lire
vous contredise, pour l’accord
Bonjour LAurent, merci de votre commentaire
Effectivement, il manque un billet sur comment aider son adolescent gamer. Je vais m’y mettre
http://psychologik.blogspot.fr/2013/10/trois-bons-conseils-l-des-parents-qui.html est une bonne clé d’entrée
Cher collègue
Merci de vos remarques et de votre lecture attentive. J’éditerai le billet pour corriger la coquille que vous relevez
Serge Tisseron a proposé un moratoire pour les enfants de moins de trois ans. Je partage son soucis de donner aux enfants les interactions dont ils ont besoin quand il en ont besoin. Il est évident qu’avant trois ans, l’intégration de la sensorialité est la tache psychique première. C’est le moment ou les enfants apprennent le dur, le mou, le solide etc. dans des contextes sociaux ce qui leur permet de mieux intégrer leurs attitudes internes vis à vis des appuis solides, de leur absence etc. Les écrans ont peu de rôle a jouer dans ce contexte. Mais il existe aussi des applications très bien faire qui permettent de vivre un moment de plaisir partagé avec son enfant. Un bannissement total des écrans n’est donc pas la meilleure solution.
Les effets négatifs d’une exposition prolongée de la télévision sur le développement du langage a été bien documenté et les psychologues ont craint le même effet pour les jeux vidéo. La dernière revue de la littérature donne des pistes de reflexion intéressante en faisant appraitre une troisieme variable. La dépression maternelle et la faiblesse socio-économique sont en effet aussi déterminants
Duch, H., Fisher, E. M., Ensari, I., & Harrington, A. (2013). Screen time use in children under 3 years old: a systematic review of correlates. International journal of behavioral nutrition and physical activity, 10(1), 102.
Je me sens assez une neuvième pesnée sur le sujet :)
A mon sens, le problème n’est pas tellement le temps d’écran ou d’autres théories, le problème c’est que le petit personnel de l’éducation reprend ce genre de trucs pour en faire des règles, ils y seront encore dans dix vingt ans sans trop savoir ni pourquoi ni comment ils ont pu ériger en dogme ce qui ne devrait être pris que comme des conseils de base à étudier.
Merci VX de votre commentaire
Il est normal que les enseignants aient des règles. Il serait souhaitable que l’Education Nationale ait un comité d’éxperts qui fasse une veille sur ces questions et publie des recommandations qui s’appliquent à l’ensemble des enseignants. Ce serait une façon rationnelle de traiter cette question
Mon fils a 15 ans. Il joue à des jeux vidéo en ligne . Il ne ramène pas de copains à la maison et ne va chez personne . Il a des copains au lycée et ses prof m’assurent qu’il n’est jamais seul . Il revit quand il joue . Et semble déprimé quand il n’a plus joué depuis 3 jours . Quand il a cours, il peut jouer environ 2 fois 2 heures dans la semaine , un peu plus le we . Pendant les vacances , si nous le laissons faire , il peut jouer des heures . Ce qui m’inquiète , c’est qu’il commence à vraiment manquer de volonté et d’envie pour tout . Il a 2 frères qui ont une vie sociale et lui n’en a pas . Sa vie sociale c’est “les jeux vidéo”. Il pratique la moto de cross environ 2 fois par semaine , suit des cours et aime beaucoup ce sport . Je me demande si supprimer les jeux vidéos en ligne ne l’amènerait pas dans une dépression . Je voudrais le sortir de cet état . Mais comment ? Qui consulter ? Merci si vous pouvez m’aider .
Bonjour Sophie
Le manque de volonté, d’envie, la difficulté de se faire des amis ou de maintenir des amitiés, l’isolement social qui en découle sont des signes qu’il faut prendre en compte. Le plaisir à pratiquer des activités sportive, la régularité de l’engagement sont des éléments très positifs qui sont rassurants. Il est en effet difficile de pratiquer de telles activités sans avoir de liens amicaux avec les autres adolescents. De même, le suivi de la scolarité, et, si j’ai bien compris, les résultats scolaires satisfaisants sont des éléments qui peuvent être associés à une absence de problème. Il faut aussi prendre en compte le fait que le jeu en ligne, lorsqu’il est régulier, est aussi une occasion de créer et de maintenir des relations amicales avec d’autres joueurs. Ces relations amicales peuvent être aussi profondes et authentiques des celles crées dans l’espace physique
les enseignants vous disent qu’il a des amis. Il semble que le principal problème soit que vous ne voyez pas ces amis chez vous. Peut-être faut il voir avec votre fils pourquoi il évite d’inviter des amis à la maison ?
Mon conseil est de consulter un psychologue pour faire une évaluation de la situation de votre enfant. Son évaluation devrait vous permettre de vous rassurer.
Il n’y a pas besoin d’aider un adolescent à gamer, il sait mieux que nous sur ce point mais de le laisser dans une réalité virtuelle au point qu’il en fasse des rêve je trouve que c’est mauvais, la socialisation passe par l’autre