La recherche de Melissa Monson sur WoW nous offre un point de vue intéressant sur la façon dont un univers ludique peut à la fois miroiter et perpétuer des notions complexes de race et d’ethnicité présentes dans notre monde. En explorant Azeroth, le monde de WoW, Mélissa Monson montre comment le jeu transpose des éléments de sociétés basées sur la race dans sa structure même, où la race détermine non seulement l’esthétique, mais aussi les alliances, les compétences, et même les tempéraments des personnages. Cette vision du monde, où les caractéristiques physiques et culturelles sont innées et déterminantes, est un exemple classique d’essentialisme racial. Cette perspective, qui voit les races comme naturellement inégales et hiérarchisées, est non seulement réductrice, mais aussi dangereusement simplificatrice.
Les résultats de Monson sont d’autant plus pertinents qu’ils montrent que WoW, par son système de jeu, renforce l’idée que la race est un déterminant clé de l’identité. En s’inspirant de stéréotypes ethniques réels pour construire les cultures de ses races fictives, WoW ne se contente pas de reproduire ces clichés ; il les inscrit dans une logique de jeu où la biologie semble justifier des aptitudes et des réussites professionnelles.
L’aspect le plus intéressant de cette étude est peut-être l’idée de “tourisme identitaire” qu’elle soulève. WoW permet aux joueurs d’expérimenter des identités raciales différentes de la leur, sans en subir les conséquences sociales. Ce phénomène offre un espace unique pour explorer et réfléchir aux constructions raciales et ethniques, mais il soulève également des questions sur l’appropriation culturelle et la réification des stéréotypes.
Même si depuis la publication de cette recherche, le jeu World of Warcraft a évolué, les descriptions de Melissa Manson rentent d’actualité. Il y a toujours un système essentialiste racial dans World of Warcraft. Mais est-ce un problème ? S’il est vrai que le racisme se base sur un essentialisme racial, le système de World of Warcraft n’affirme jamais qu’une race est supérieure à une autre. Au contraire, le jeu est conçu de manière que chaque race ait ses propres forces, ce qui encourage à une diversité de choix et de style de jeu. La hiérarchie raciale que l’on trouve dans les systèmes racistes ne se retrouve pas non plus dans le jeu. Aucune race n’est supérieure aux autres dans le jeu. Les conflits qui existent dans World of Warcraft reposent sur des alliances et des rivalités historiques, mais sur une quelconque supériorité raciale. Il y a cependant un point commun à World of Warcraft et aux systèmes racistes : tous deux reposent sur une construction imaginaire qui divise une population en différents sous-groupes. Finalement, Meliassa Manson pose une question intéressante et importante – les stéréotypes avec lesquels les joueurs jouent ont-ils un impact dans la vie réelle ?