Lorsqu’il est question de jeu vidéo, la question de la dopamine entre toujours en jeu. Malheureusement, elle est souvent traitée d’une manière réductrice. La dopamine est présentée comme “l’hormone du plaisir”‘ et son déclenchement pendant les parties de jeu vidéo serait à l’origine d’une addiction aux jeux vidéo. Cependant, le rôle de la dopamine est bien plus important et divers que celui de provoquer du plaisir. La maturation du système dopaminergique est un élément essentiel de l’adolescence, parce que la dopamine influence l’activité du cerveau préfrontal, contribuant ainsi à la régulation de la cognition et des comportements.
Motivation et récompense
La dopamine est essentielle dans les systèmes de récompense du cerveau, influençant fortement la motivation. Le développement adéquat du système dopaminergique permet aux individus de percevoir le plaisir et la satisfaction liés aux activités bénéfiques pour leur survie et leur bien-être, comme manger, interagir socialement, ou apprendre de nouvelles compétences. Cela favorise des comportements adaptatifs essentiels pour la survie. les jeux vidéo peuvent être décrits comme des systèmes de récompense et de punition. Faire les bonnes actions est récompensé (bruitage, points d’expérience, passage au niveau suivant) tandis que les mauvaises actions sont punies (perte de points de vie, d’argent, de vie etc.) Ce système de renforcement ou l’incitation à l’exploration de nouveaux environnements et mécanismes stimulent la libération de la dopamine.
Humeur et Bien-être
Le système dopaminergique influence considérablement l’humeur. Des dysfonctionnements dans ce système peuvent être liés à des troubles de l’humeur comme la dépression et le trouble bipolaire. Un développement correct permet une meilleure régulation émotionnelle et contribue à un équilibre émotionnel plus stable. Il existe un genre entier de jeu vidéo qui favorisent la relaxation et la détente. Ces “causal games” sont des jeux qui faciles à prendre en main, fun, rapides à jouer et ne posent jamais de défis insurmontables. les “party games”, sont également accessibles, fun, basés sur la convivialité et le dynamisme. La victoire est toujours secondaire au plaisir partagé avec les autres joueurs. Les party games et les casual games engagent probablement le système dopaminergique.
Fonctions exécutives
La dopamine joue un rôle clé dans les fonctions exécutives, qui incluent la planification, la prise de décision, la résolution de problèmes, et le contrôle des impulsions. Le développement du système dopaminergique peut améliorer ces fonctions, permettant une meilleure gestion des tâches complexes et un meilleur contrôle comportemental. Tous les jeux vidéo nécessitent de prendre de décisions. Les jeux de stratégie d’action. A chaque instant, le joueur doit faire des choix importants immédiatement ou à long terme. De ce point de vue, les jeux vidéo engagement les fonctions exécutives puisque les joueurs doivent planifier leurs actions, agir, et évaluent les résultats de ces actions.
Apprentissage et mémoire
La dopamine est vitale pour l’apprentissage et la mémoire, en particulier pour la consolidation de la mémoire à long terme et l’apprentissage associatif. Elle favorise l’encodage des souvenirs en signalant l’importance ou la nouveauté des informations, ce qui aide à prioriser les ressources cognitives. Il n’existe pas de jeu vidéo qui ne mette en jeu la mémoire. Les joueurs mémorisent la carte des espaces de jeu, les caractéristiques des personnages, des objets utilisés, la synergie entre les différents pouvoirs, le système de niveau, les transformations, l’histoire des personnages…
Dans le cerveau en développement, la dopamine influence la plasticité synaptique, le processus par lequel les connexions entre les neurones sont renforcées ou affaiblies en réponse à l’activité. Ce mécanisme est essentiel pour l’adaptation à l’environnement et pour le développement de réponses comportementales appropriées.
Dépasser les simplifications
L’activité dopaminergique, particulièrement élevée pendant l’adolescence, est associée à une augmentation de la recherche de sensations et de la prise de risques. Bien que cela puisse augmenter la vulnérabilité aux comportements dangereux, cela favorise également l’exploration et l’apprentissage, des comportements importants pour le développement personnel et social. Jouer aux jeux vidéo nécessite de s’adapter aux changements. Une mécanique de jeu est basée sur cette adaptation. Les jeux vidéo ont une “meta” c’est-à-dire la stratégie optimale à adopter pour remporter une partie, en fonction des règles du jeu, des personnages disponibles, de la carte et des stratégies des autres joueurs… .Cette méta change régulièrement au fil de la mise à jour et des nouveaux contenus. Dans un FPS, l’introduction d’une nouvelle arme peut amener les joueurs à adopter positions spécifiques sur la carte de jeu ou à trouver de nouvelles combinaisons entre les personnages. Les joueurs doivent donc avoir une idée précise de la méta tout en étant capable de changer leurs stratégies lorsque la méta change.
Le développement du système dopaminergique est essentiel pour un fonctionnement psychologique et physiologique optimal, influençant la motivation, l’humeur, l’apprentissage, et la régulation neurobiologique. Des anomalies dans ce développement peuvent conduire à divers troubles neuropsychiatriques, soulignant l’importance de comprendre et de soutenir ce processus pendant les périodes critiques de croissance et au-delà. En ce qui concerne les jeux vidéo, l’apprentissage est une constante. les joueurs doivent sans cesse apprendre de nouvelles compétences, soit parce que la méta a changé, soit parce qu’il est utile d’affiner les apprentissages déjà acquis. Par exemple, la navigation dans l’espace 3D des jeux est une compétence de base que les joueurs doivent maitriser. Mais ils est toujours utile d’avoir les meilleures trajectoires possibles parce que gagner une seconde sur un parcours peut faire la différence entre le succès et l’échec..
On voit donc que l’affirmation “les jeux vidéo sont problématiques parce qu’ils activent le circuit dopaminergique de la récompense, ce qui provoque des addictions” est une simplification abusive. D’une part, la dopamine ne saurait être responsable seule de l’addiction et d’autre part elle joue un rôle dans la régulation de l’humeur, dans les fonctions exécutives, l’apprentissage et la mémoire, la recherche de sensation et les fonctions exécutives. Les interactions entre le système dopaminergique et les jeux vidéo sont complexes et mutimidentisionnelles car elle engangent les mécaniques des jeux, les personnes et les contextes d’utilisation