En écho aux observations d’une évaluatrice fatiguée, Craig Sewall et Douglas Parry montrent que le lien entre la santé mentale des jeunes et le numérique sont infondés.
Les auteurs partent d’un constat que tout le monde fait facilement : les adolescents passent plusieurs heures par jour sur les réseaux sociaux. Cette tendance a suscité des inquiétudes croissantes concernant l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes. Mais, relèvent les auteurs, les assertions selon lesquelles les réseaux sociaux sont la principale cause de la crise de santé mentale chez les jeunes reposent souvent sur des preuves corrélationnelles et négligent les facteurs confondants tels que les influences génétiques, environnementales, sociales et psychologiques.
Pour Craig Sewall et Douglass Parry, trop d’études reposent sur des modèles simplistes qui transforment des corrélations en causalité, sur la force réthorique de l’auteur ou des manipulations statistiques. Ils mettent en avant un point très important : plus l’implication du numérique dans les problèmes de santé des jeunes est soulignée, plus l’influence des facteurs psychosociaux tels que les traumatismes, les maltraitances ou les expériences adverses sont mésestimés. Les études qui pointent le numérique comme problème ont tendance à négliger les facteurs confondants, à simplifier les problèmes de santé mentale, à omettre des variables importantes, ce qui ne les empêche pas d’appeler à des politiques restrictives en ce qui concerne les usages numériques des jeunes. Ainsi, les prohibitionnistes numériques ont tendance à laisser de côté les influences génétiques, environnementales, sociales et psychologiques qui contribuent aux problèmes de santé mentale. à simplifier excessivement la complexité des causes des problèmes de santé mentale, en attribuant principalement ces problèmes à l’utilisation des réseaux sociaux ou à omettre des variables importantes comme l’adversité psychosociale, Concrètement, cela signifie que la diminution du temps de sommeil d’un adolescent sera attribuée aux jeux vidéo alors que cette diminution fait partie du processus développemental de l’adolescence. Autre exemple : des troubles du développement sont attribués a l’influence des écrans
Ce discours technophobe contribue à pousser les parents et les institutions vers une décision inutiles ou contraires au développement des enfants J’ai souvent vu dans ma pratique de psychothérapeute des parents qui tentent de diminuer le temps de jeu de leur adolescent alors qu’il traverse un moment difficile – que les parents ignorent – et que le jeu vidéo est le moment d’expériences positives dans un océan d’amertume. l’effort que les uns et les autres mettent dans la diminution ou la prohibition du numérique pour les jeunes n’est pas mis sur les facteurs qui sont réellement critiques. Mais il est plus facile de mettre en place un contrôle des identités en ligne qu’une véritable politique de santé en direction des familles, des parents et des enfants
Bibliographie
Marcelli, D., Bossière, M. C., & Ducanda, A. L. (2018). Plaidoyer pour un nouveau syndrome «Exposition précoce et excessive aux écrans»(epee). Enfances Psy, 79(3), 142-160.