Le jeu vidéo est une des portes d’entrée dans laquelle l’enfant peut commencer un voyage initiatique qui le conduit jusqu’au monde des adultes

Les jeux vidéo sont souvent le premier point de contact des enfants avec les matières numériques. Autour du CP, point pivot du développement des enfants dans notre culture, les enfants obtiennent souvent une Nintendo DS. Avec Mario et Sacha, ils font leurs premiers pas dans les jeux vidéo. Il y apprennent la grammaire de base des jeux : créer un personnage, se déplacer, interagir avec l’environnement. Mais le plus important est sans doute les apprentissages collatéraux qu’ils font a l’occasion de ces parties. Ils apprennent à lire un écran. De la même manière que les générations précédentes ont appris à déchiffrer une page de journal, les enfants apprennent ou se trouve l’information pertinente sur un écran. Ils apprennent également qu’elle est dynamique : l’information n’est pas toujours disponible, elle apparait à des moments particulier, et elle est régulièrement mise à jour.

Les jeux vidéo sont initiatiques dans leur expérience.  Dans sa description maintenant classique des rites de passage, van Gennep donne trois temps logiques : l’individu est séparé de son groupe d’appartenance. Il vit en marge de la société. Il est réintégré dans son groupe avec un nouveau statut. Les jeux vidéo reprennent ces trois moments Ils séparent le joueur de l’expérience banale. In game, le joueur vit des expériences extra-ordinaires. Le jeu vidéo, parce qu’il est une expérience marginale, lui permet de vivre et d’expérimenter ce que son environnement habituel ne peut pas lui offrir. Enfin, le joueur revient dans son groupe de départ, au mieux transformé positivement par ce qu’il a vécu.

L’intiation est également inscrite dans les mécaniques de jeu puisque le joueur  passe par des niveaux de complexité de plus en plus grands. Il est un initié qui prend de mieux en mieux conscience de la complexité de l’environnement qui l’entourent.

Les jeux vidéo initient les enfants à un autre aspect. Il ne s’agit plus d’éléments cognitifs mais sociaux. Les apprentissages se font au cours d’interactions avec des pairs. C’est en jouant avec d’autres enfants ou en regardant d’autres enfants que les enfants apprennent. Ils font une expérience inédite puisque c’est encore un adulte qui habituellement porte les connaissances aux enfants. Les enfants découvrent avec les jeux vidéo une transformation essentielle de notre société. Les jeux vidéo s’appuient en effet largement sur la loi des frères, les logiques horizontales et les liaisons. Ils sont une image d’un processus appellé tribalisation par le sociologue Michel Maffesoli qui montre que nos société s’éloignent des éléments comme la loi des pères, la verticalité et la séparation (des pouvoirs, des sexes, des générations) sur lesquels elle se sont appuyées pendant des siècles.