Depuis le Programme d’entrainement cérébral du Professeur Kwawshimade nombreux jeux vidéo promemettent des merveilles en matière d’intelligence. Pourtant, dans le monde universitaire, l’idée selon laquelle il est possible d’entraîner des compétences cognitive fait débat. Par exemple, une étude francaise avait rendu un avis très réservé sur le service rendu par ces jeux dans le domaine de l’intelligence.

 

Intuitivement, nous avons tendance à penser que plus nous faisons quelque chose, plus notre niveau d’expertise dans ce domaine augmente. Il y aurait donc une relation linéaire entre l’entraînement et les compétences. Dans le domaine cognitif, c’est en partie vraie. Par exemple, après un entraînement intensif , une personne a augmenté sa capacité à se souvenir des nombres. Il est passé de nombres à 7 chiffres à des nombres à 82 chiffres. Mais cela ne concerne qu’un domaine très étroit de la cognition – la mémoire de travail – et les chercheurs ont pu remarquer que ces compétences n’ont pas été étendues à des compétences voisines comme la mémorisation de lettres

Les jeux d’entraînement cérébral ont suscités d’âpres débats dans la communauté scientifique. Pour beaucoup de chercheurs, ces jeux ne reposent pas sur une preuve scientifiquement fondée de leur efficacité. Plusieurs synthèses de la littérature et  permettent de faire le point sur cette question difficile et complexe.

  • L’expertise musicale a été associé une meilleure mémoire pour les éléments musicaux surtout lorsque les notes sont aléatoires. Ces compétences ne sont pas transférées à des activités autres que musicales et n’ont pas d’impact sur les mesures générales de l’intelligence ni même sur les compétences cognitives telles que l’intelligence fluide, la mémoire, le traitement des mots, les compétences cognitives ou la réussite scolaire
  • Les experts dans le jeu d’échec sont connus pour leur mémoire exceptionnelle des positions des pièces. Mais l’expertise dans ce domaine semble n’avoir qu’un faible effet sur les compétences scolaires ou cognitives.
  • Dans le domaine de la mémoire de travail – c’est à dire la mémoire qui converse l’information le temps nécessaire de la réalisation d’une tâche – il a été noté que l’utilisation de programmes d’entraînement a un effet notable. Cependant, cet effet n’est pas généralisable a d’autres compétences comme l’intelligence fluide ou la réussite scolaire
  • Les joueurs de jeu vidéo sont meilleurs que les non-joueurs de jeu vidéo dans plusieurs tâches cognitives. Mais l’écart se réduit lorsque les non-joueurs participent à un programme d’entraînement avec un jeu vidéo. Il est donc possible que l’écart était  dû à un effet de sélection : les personnes compétentes dans une tâche ont tendance à jouer à des jeux qui les favorisent
  • Une revue systématique des programmes d’entraînement a donné des résultats étonnants. Les psychologues ont trouvé une relation inverse entre la taille de l’effet et la qualité de l’étude. Lorsque l’étude comprend un groupe contrôle et un large échantillon, les bénéfices notés sont faibles

En résumé, ces jeux 1) peuvent augmenter une compétence précise (par ex. : la mémoire de travail) mais la preuve du transfert de cette compétence dans d’autres contextes reste faible; 2) augmentent pas ou très faiblement les compétences cognitives.

Cela ne signifie pas que ces jeux sont inutiles. Si jouer à des jeux d’entrainement ne rend pas plus intelligent, cela ne rend pas idiot non plus. Leur intérêt est sans doute dans le fait qu’il s’agit tout simplement de jeux.

 

REFERENCES

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