hypnos-thanatosColas Duflos semble s’étonner de l’écho que son “Ils ont des têtes d’abrutis” provoque sur le web. Il s’en explique sur le site de l’émission. Il concède “maladresse” mais pense surtout qu’il y a “une mauvaise interprétation de [ses] propos

Nous avions donc bien compris. Nous sommes des abrutis.

Le mot restera, quoi que l’on en dise. Qu’il témoigne d’un malaise, c’est une chose. Que le malaise suscite une réaction de rejet, cela peut se comprendre même si l’on peut espérer d’un philosophe un peu de recul quant à ses réactions premières et beaucoup plus d’’écoute des réactions que ses propos suscitent.

Le problème n’est pas la. Il est plus grave.

Le problème est que l’on assiste depuis maintenant des années a une attaque en règle des pères contre la culture. Toute culture est basée sur cette transmission, et notre culture a sans doute ceci de particulier que du fait de l’évolution des techniques, les parents doivent transmettre à leurs enfants des éléments qu’ils ne maitrisent pas tout à fait.

Malgré l’accélération des temps, la transmission se faisait, sans doute parce que les parents transmettaient également de la confiance quant à ce que les enfants pourraient faire avec ce qui eux les dépasse. C’est ainsi que l’on a vu une génération soutenir l’apprentissage de l’écriture du français alors qu’eux même étaient illettrés dans cette langue. On a vu également des parents mettre des espoirs infondés dans l’ordinateur et pousser leurs enfants à s’approcher de ces curieuses machines.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Aujourd’hui, les illettrés des écrans déclarent que tout ce qui vient des mondes numériques est mauvais. C’est pour notre génération un coup terrible. D’abord parce nous savons que nous auront à vivre au voisinage des machines. Nous sommes en train de les apprivoiser, à la fois collectivement et individuellement et nous faisons là, véritablement, œuvre de culture.

C’est un coup terrible parce que  c’est toujours un obstacle pour une génération que d’avoir à grandir dans l’opprobre de la génération qui l’ a précédé. Tout homme a besoin de se sentir en lien avec ce qui le précède. Tout homme a besoin de se sentir humain et ce sens se construit lorsque l’on est en lien avec les hommes du passé.

Il est une troisième raison qui laisse à ce "têtes d’abrutis" un goût amer. Ils nous fait orphelins. Alors même que notre génération a à gérer la gabegie maniaque de l’après guerre, alors même que pour la première fois nous prenons conscience collectivement d’une possible fin de l’humanité, alors même que plus que jamais nous avons besoin de nous appuyer sur les acquis de culture du passé, voilà que ceux qui doivent soutenir le travail de pensée s’en font les fossoyeurs. Voilà que les pères attaquent sans relâche les plaisirs des fils. Voilà qu’ils tournent  le dos aux intérêts de leurs enfants. Voilà qu’ils renoncent au travail de penser les objets techniques. Voilà que les pères se refusent à porter la culture. Voilà que les pères se font thanatophores.

Voilà ce qui fait polémique et qui fait réagir.

P.S.: l’addiction aux jeux vidéo n’est pas reconnue par les psychiatres.