Texte d'Elisabeth Rossé, psychologue à Marmottan, Paris, France.J’étais hier à Tosse dans le cadre de la fête du jeu pour parler des jeux vidéo. Bon, d’accord, ce n’ était pas exactement hier, puisque c’ était Samedi 30 mai, mais je n’ai pas eu d’accès Internet depuis pour publier ce billet. J’avais été invité par Agnès Andrieu qui s’occupe du secteur Enfance dans la communauté de Communes Maremne Adour Côte-Sud. Un travail en amont avait été fait et le public pouvait trouver des documents pour alimenter leur réflexion sur les jeux vidéo. On pouvait lire les propos de quelques gamers, enfants comme adultes, des textes présentant les types de jeu vidéo ou encore un argument d’Elisabeth Rossé psychologue à l’hopital Marmottan

J’ai pu bénéficier de l’effet Bonaldi – pour les plus jeunes, l’effet Bonaldi est le fait que quelque chose marche parfaitement et ne marche plus lorsqu’on l’utilise en public – puisque la vidéo de WoW que j’avais faite ne fonctionnait pas pour cause… de codecs non mis à jour ! Cela devrait être réglé pour l’intervention que je ferais dans les jours qui viennent à Saint Jean d’Angély. La vidéo montrait les 5 premières minutes de vie d’un taurène, de l’écran de login aux premiers Level up ! et elle permet d’illustrer le travail du jeu vidéo en montrant le nombre de variables que le joueur doit maîtriser : le choix de la race, de la classe, de l’apparence puis les actions à faire en jeu (prendre les quêtes, s’orienter, lire le canal de chat, surveiller les jauges…).

 

L’aventure des jeux vidéo

J’ai tenté de montrer comment la culture numérique a émergé d’un petit groupe de hackers, et comment le jeu vidéo est une expression de cette culture. L’histoire de Adventure me semble parfaitement parlante. Adventure a été codé par Willie Crowther ((En plus de la page Wikipedia, vous pouvez lire une partie de l’histoire d’Adventure ici et l’exploration du code de Crowther et des grottes ici))  Crowther est un passionné de Dongeons & Dragons, le jeu de rôle qui a été commercialisé une année plus tôt. Il est aussi spéléologue amateur. Il lui semble naturel de fondre ces deux passions dans une troisième : le code. Crowther est en effet un des types de BBN qui ont construit l’Internet. Il est décrit par Katie Hafner et Matthew Lyon ((Where wizard stay up late ; la traduction francaise, Les sorciers du net est indisponible)) comme quelqu’un de calme, facile à vivre, et produisant un code inspiré. Avec Adventure, Crowther invente une nouvelle façon de jouer : on joue avec la machine et non plus contre la machine.  Adventure inspirera d’autres types de jeux : les MUDs. C’est vraiment un des boute-feu de toute l’industrie du jeu vidéo. Mais l’histoire ne s’ arrête pas là.

Il y a dans le code de ce jeu des éléments personnels qu’il faut aussi prendre en compte. Crowther est en plein divorce, et il crée ce jeu pour pouvoir jouer avec ses enfants. On a là, dans cette création, une des fonctions du jeu vidéo : comment ne pas penser qu’en construisant ces caves numériques, Willie Crowther ne revisitait-il pas le caves qu’il avait exploré avec son épouse, et au-delà les creux et les pleins que contient toute vie conjugale ?

 

Des propositions de travail

Les types de jeux vidéo ont été décrits ainsi que le travail psychique imposé par ce type de jeu. Les jeux vidéo nous offrent des opportunités de travail psychique. Des opportunités : cela veut aussi dire que pour ceux pour qui un type de travail est inopportun, les jeux vidéo peuvent aussi être utilisés pour ne pas penser. Pour autant, ce ne sont pas des dispositifs neutre : ils véhiculent des idéologies et des stéréotypes. Aussi, est-ce important d’apprendre aux enfants à lire les jeux jeux vidéo.

 

L’addiction aux jeux vidéo, un hybride

Bien sûr, la discussion est vite venue sur "l’addiction aux jeux vidéo". Voilà bien une formule qui montre le pouvoir des métaphores. Car de Kimberley Young à Michael Stora, on a en main juste une formule : les jeux vidéo sont comme des drogues. Comme. Rien de plus. Mais c’est suffisant pour que la formule s’impose. Il faudra sans doute revenir sur cette question avec [W:Bruno Latour] pour montrer que "l’addiction aux jeux vidéo" est un hybride qui capte l’attention du fait de sa charge émotionnelle

 

 

Le power point sur lequel je me suis appuyé est sur slideshare.