J’étais hier à l’ IUT de Bordeaux I pour parler des jeux en ligne. L’intervention se faisait dans le cadre d’une journée appelée "En jeux". J’ai été impressionné par la qualité du travail réalisé par les étudiants. Il y avait une exposition, un montage de scènes de jeu de films, et encore des textes écrits par les étudiants. L’enthousiasme, la compétence, le désir de partage que l’on pouvait sentir chez les deux enseignants que j’ai pu rencontrer, MM. Progrès Travé et Emmanuel Fihol faisait également plaisir à voir et compte sans doute pour beaucoup dans la réussite de cette journée.
J’ai été surpris par le sérieux des étudiants. Est ce dû au fait que les étudiants que je connais le mieux les étudiants de lettres et de sciences humaines ? Des étudiants de faculté prompts au débat voir même à la polémique. Ceux-ci étaient très sages et très scolaires. Pour ceux qui pensent qu’être un digital native est juste une question d’âge, je leur conseille d’aller à l’IUT de Bordeaux 1. Peu jouaient aux jeux vidéos, rares étaient ceux qui étaient au fait des différents types de jeu. Par contre, la majorité des étudiants avait un compte facebook, mais cela s’arrêtait là.
Il y a sans doute un travail a faire auprès de ces étudiants pour qu’ils apprennent à se constituer une identité en ligne. Dans trois ans, ils seront sur le marché du travail. Ont-il réseauté sur Linkedin ? Sur Viadeo ? Comment utilisent ils leurs comptes Facebook ? Tiennent ils un blogue ? Assurent-ils une veille technologique ? Voilà typiquement le genre de matière numérique qui mériterait d’être une matière scolaire.
Progrès Travé m’a expliqué combien dans cette formation l’imaginaire de la machine était important : LE train, LE moteur d’avion, voilà ce qui motive les étudiants. C’est un imaginaire du piston et de la burette d’huile. J’ai été très surpris de le voir si vivace, car si j’en crois ma voiture, les moteurs sont de plus en plus des boites fermées qui ne livrent leurs secrets qu’à la curiosité de sondes électroniques.
L’idée était de montrer que le jeu vidéo est un dispositif complexe : des images, du son, un boîtier avec des périphériques de contrôle, un sujet humain. Un des aspects du travail du jeu vidéo est de faire de ces éléments épars un ensemble cohérant. Au delà des images et des sons qui lui sont proposés, le joueur lie également l’histoire du jeu et des éléments qui lui viennent de la culture. Ce que les différents éditeurs de jeux vidéo produisent est en effet en lien avec les idéologies et l’histoire des pays americano-occidentaux. L’éditeur peut avoir une politique de provocation comme Rockstar Games avec GTA; il peut aussi souhaiter un effet de prise de conscience, comme c’est le cas avec Darfour is dying mais dans tous les cas, le dernier mot revient au joueur.
Est ce que cela ne suscite pas une perte de la capacité de se concenter ? Est ce que ces jeux ne sont pas addicitifs ? Voila les grands thèmes de ce qui a alimenté la conversation qui a suivi l’exposé.
Le public était constitué d’étudiants en quelle discipline ? Quelle année ? Etonnant qu’il n’y avait presque pas de “joueurs”…
Sinon quand tu écris “Voilà typiquement le genre de matière numérique qui mériterait d’être une matière scolaire” je suis tout à fait d’accord, c’est de la littéracie numérique pour reprendre le terme anglosaxon “computer literacy”, en particulier provenant du MIT avec Henry Jenkins.