Au commencement, le réseau était informe et vide. Il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus du réseau. Dieu dit : « Qu’il y ait Arpanet ». Et Arpanet fut ! Dieu vit que cela était bon et dit : Qu’il y ait Usenet. Et il y eut Usenet et des milliers de newsgroups. Dieu dit : qu’il y ait l’Internet, le Web et tous les protocoles de communication dont mon peuple a besoin. Et il y eu l’Internet, le Web et les protocoles de communication. En ce temps, le réseau était habité par les Scientifiques et les Etudiants. Dieu donna aux digiborigènes le navigateur et le moteur de recherche comme signes de son alliance. Puis vint le commerce et il travailla ardemment a développer la création de Dieu et Dieu aima cela. Mais bientôt le commerce
Dieu interdit à son peuple de manger du fruit défendu du commerce et son peuple désobéit. Il acheta des pizza sur le réseau et se félicita d’avoir transformé le Web initial en Web 2.0. Dieu, dans sa colère, se détourna de son peuple et le condamna a errer dans les déserts numériques. Le peuple de Dieu fut dispersé à la surface du réseau. Mais de temps à autres, Dieu envoie aux digiborigènes un de ses fils. Il va dans les forums de discussion, les réseaux sociaux et les blogues pour annoncer la Bonne Nouvelle. On l’appelle le Community Manager.
“Mais bientôt le commerce …” ? ;)
Mais quel tas de conneries… surtout la référence à dieu…
Les dieux de l’internet, moi je les avais décrit comme ça :
(le coup du community manager est cependant très drôle)
C’est à cette époque que s’instaura quelque chose que nous pourrions qualifier de e-religion. En effet les internautes se mirent à vénérer le dieu @Technos dont les prophètes portaient les noms de Mark Zuckerberg, Sergueï Brin, Larry Page, Jeff Bezos, etc… sans oublier Steve Jobs dans le rôle de Moïse avec sa drôle de tablette. Le plus paradoxal est sans doute, bien que s’appuyant sur des principes libertaires, qu’au travers de la théorie des flux où les multiples propulseurs étaient susceptibles de s’organiser en contre-pouvoir par le simple effet d’un clic, ils instaurèrent une forme ultime de massification, teintée de fantasmes de communisme primaire ou “fascisme du perroquet” selon Hakim Bey lui-même, obligé dès lors de revenir sur ses conceptualisations de la TAZ et des utopies pirates : « Ces lecteurs s’imaginent qu’il suffit de lire et de répéter comme des perroquets les formules les plus étranges ; leur véritable désir est en fait d’OBÉIR A QUELQU’UN, de lire avec les yeux d’un autre, de se soumettre à l’autorité du “maître” ».