Selfportrait with a gun

Depuis avril 1999, le même scénario se répète et il faut à nouveau faire un travail de pédagogie. Un jeune homme ou un adolescent tue plusieurs personnes et les jeux vidéo sont montrés du doigt.

 

Lorsque l’émotion retombe, les enquêtes dressent deux types de portraits. Dans le premier cas, on découvre un jeune homme timide, en retrait, effacé, parfois un peu étrange et que finalement peu de personnes ne connaissaient vraiment. Dans le second cas, la personne est décrite comme plus exubérante, repérée par les professeurs et parfois par les services sociaux, comme pouvant faire des difficultés. Alors que les premiers ont plutôt de bons résultats scolaires, les second cumulent absentéisme et conflits avec l’autorité.

La souffrance psychique est commune à ces deux situations. Les school shooters  sont des personnes qui ont longtemps vécu avec des sentiments d’indignité, d’insuffisance, de la dépression, ou de l’anxiété. A l’école, elles sont souvent harcelées, ce qui accentue encore leur isolation. Elles peinent à se lier authentiquement avec les autres et vivent chroniquement des états de tension majeurs

Les trois ingrédients du school shooting

Les troubles psychologiques sont donc les premiers ingrédients du school schooting. Il est estimé que la probabilité d’un passage à l’acte violent est liée à des troubles graves comme le délire (paranoïaque ou de grandeur), l’intensité de la douleur morale, des sentiments d’injustice ou de la blessure narcissique.

Un signe d’alarme a prendre en compte est le fait qu’un sujet considère le monde extérieur comme responsable de ses problèmes, avec une grande intensité et pendant une durée importante. Pendant des semaines, voire des mois, la personne rumine des fantasmes de revanche. Les autres sont précipités en pensée dans des tourments au moins aussi égaux que ceux que la personne vit actuellement. Les personnes peuvent être visées en raison d’un ancien différent ou tout simplement parce qu’elles semblent être heureuses. Parfois, c’est la société qui est visée et d’autres fois, c’est un intense moment de toute puissance qui est recherché. Cependant, les difficultés personnelles, aussi intenses soient-elles, ne transforment pas quelqu’un en un criminel. Les statistiques montrent que les personnes souffrant de troubles mentaux sont plus souvent victimes que coupables d’actes de violence

Le second élément concerne le rapport au temps. Les school shooting sont caractéristiques par leur planification. Dylan Klebold et Eric Harris, les tueurs de Colombine, ont laissé des traces qui attestent de ces moments fiévreux ou une revanche est recherchée. La planification des actes est donc un autre signe d’alarme car la personne passe de ce qui pourrait se passer à ce qui va se passer. La personne se comporte en effet comme si l’espace de ses pensées et l’espace extérieur étaient superposables, et que toutes les pensées que l’on peut avoir peuvent être mises en acte dans la réalité. En d’autres termes, le sens de la réalité de la personne est érodé petit à petit.

Passer des heures à surfer sur des sites web qui détaillent les caractéristiques d’armes à feu, la fabrication d’engins explosifs ou visionner des vidéo d’exécution sur Youtube, n’est pas criminel.

La durée et l’intensité de la souffrance psychique, l’attribution au monde extérieur des difficultés personnelles, la planification des actes ne suffisent pas. Il faut un dernier élément. Il faut trouver dans le monde extérieur les armes nécessaires. C’est là que les USA, avec leur politique libérale vis-à-vis des armes à feu contribuent à transformer des souffrances en malheurs.

En résumé, pour qu’un drame comme à Newtown se produise, il faut donc des problèmes psychologiques avérés, la planification d’un désir de revanche et l’accès facilité à une arme.