Il existe peu de textes en Français sur l’addiction aux jeux vidéo. L’article
Les addictions aux jeux vidéo de Rocher et al (2012) publié dans les Archives de pédiatrie est donc précieux.
Rocher, Grall-Bronnec, Vandermerch et Venisse présentent une situation d’addiction aux jeux vidéo. Gustave, 17 ans a une “attitude addictive” avec les jeux vidéo. Les problèmes rapportés sont des conflits familiaux, des difficultés scolaires, de multiples troubles de la personnalité (Évitante, Obsessionnel-Compulsif, Passif-Agressif, Dépressif, Paranoïaque), un Trouble Anxieux Généralisé, un Épisode Dépressif Majeur passé, du Phobie sociale. Gustave souffre aussi d’une Maladie de Scheuermann). Des violences verbales et physiques sont notées.
Pour les auteurs, l’addiction aux jeux vidéo de Gustave fait écho à un processus de séparation/individuation problématique. Les auteurs relèvent que Gustave joue trop aux jeux vidéo, ce qui suscite des conflits avec sa famille. Un traitement à cette addiction est proposé mais le type de traitement tout comme le plan de traitement ne sont pas détaillés.
L’article amène plusieurs critiques :
1) l’addiction aux jeux vidéo n’est pas définie.
2) Le modèle ébauché : une faille narcissique qui n’est plus compensée par les bons résultats scolaires maintient Gustave devant ses jeux vidéo ne prend pas en compte les autres éléments rapportés;
3) les auteurs ignorent l’ensemble des données cliniques pour se consacrer au détail “jeu vidéo” ce qui laisse penser que les troubles du comportement, la dépression, la souffrance autour de l’adoption pourtant repérés ne sont pas traités.
4) le cas de Gustave sert à construire la chimère de l’addiction au jeu vidéo qui est posée comme une réalité parce qu’elle n’a pas été définie. Aucun élément clinique apporté ne vient valider l’idée d’une dépression.
Les addictions aux jeux vidéo de Rocher et ses collègues est un exemple typique des problèmes posés par la notion d’addiction aux jeux vidéo. Les auteurs posent un diagnostic vague, disent proposer un traitement qui est aussi vaguement décrit, et affirment que les problèmes du patient viennent de son addiction. Il est possible de penser qu’ils traitent la solution que Gustave a mis en place pour faire face a ses troubles et a ses traits de personnalité. Le “trop jouer” est a comprendre comme un mécanisme de coping, peut-être inadaptés, mais certainement pas comme une pathologie à traiter.
Rocher, B., Grall-Bronnec, M., Vandermerch, N., & Venisse, J. L. (2008). Les addictions aux jeux vidéo. Archives de pédiatrie, 15(5), 804-805.