Parce que les médias sont de plus en plus présents dans la vie des enfants et de leurs familles, il est important que le professionnel puisse faire une évaluation rapide et efficace de leur utilisation. L’objectif de ce texte est de que les professionnels évaluent les pratiques numériques des enfants en tenant compte de leurs besoins psychologiques, affectifs et sociaux.  Il est moins utile de connaître le temps que l’enfant passe devant un écran ou le fait qu’un enfant de 10 ans joue à un GTA que de comprendre les usages et les gratifications que les écrans apportent à la famille et à l’enfant. L’expérience d’un enfant devant un écran n’est pas la même s’il utilise l’écran pour se divertir, pour se consoler ou s’il a un adulte à ses côtés qui commente et accompagne les images. Certaines utilisations des écrans sont des points d’appuis qui permettent aux enfants d’entrer en relation avec leurs proches et de consolider des liens existants tandis que d’autres utilisations ont au contraire une fonction isolante. Ce sont ces usages et leurs effets qu’il faut évaluer.

  • ENTRE 6 et 12 ANS

Entre 6 et 12 ans, l’intégration sensorimotrice se poursuit. L’enfant devient L’enfant devient capable de lancer adroitement une balle ou de lacer ses chaussures. Son agilité verbale augmente aussi ce qui lui permet de faire part de son expérience et de ses souhaits. Les nouvelles habiletés corporelles lui permettent de s’inscrire dans des activités sportives. De leur côté, les compétences linguistiques facilitent la communication avec les autres tout en aidant l’enfant à contenir son expérience.  

Entre 6 et 12 ans, les enfants entrent de plain-pied dans les cultures juvéniles. Ils apprennent ce qu’il est de bon gout d’aimer et de détester, la manière de se comporter en garçon ou en fille, d’être un enfant ou un adulte. Les écrans sont maintenant installés au cœur des cultures juvéniles (DAUPHIN, 2012). Par exemple, il est presque est nécessaire de jouer à Pokémon à certains moments, pour les enfants d’un certain âge et d’un certain sexe. 

La période 6-12 ans est une période de transition entre l’enfance et l’adolescence. L’enfant commence à laisser derrière lui l’enfance pour aller vers les promesses et les challenges de l’adolescence. Aux yeux de l’enfant, l’adolescence est pleine de promesses, car elle le rapproche du monde des “grands”. Mais elle est aussi pleine d’insécurité parce que l’enfant  va l’inconnu et surtout il doit laisser les sécurités de l’enfance. Le voyage est bien évidemment plus confortable si l’enfant a pu faire le plein de sentiment de sécurité pendant les années précédentes

Ce passage vers l’adolescence se fait grâce à la famille et aux pairs. La famille apporte la sécurité nécessaire pour l’enfant puisse faire les aller-retour nécessaires entre se différencier de ses parents et leur ressembler intimement. L’enfant commence à avoir une représentation plus réaliste de ses parents. Ceux-ci ne sont plus les géants tout-puissants de son enfance, mais deviennent des êtres faillibles avec leurs qualités et leurs défauts. De leurs côtés, les amis apportent de nouveaux challenges. Leurs façons de faire et d’être ne sont pas nécessairement ceux de la famille, ce qui demande de la part des enfants de nouvelles adaptations. L’enfant y découvre de nouveaux problèmes – comment faire avec l’envie, la rivalité, l’affection – et de nouvelles solutions – les coopérations, l’oblativité, la maîtrise de soi… 

La curiosité colore cette période. L’enfant se passionne pour les dinosaures, la naissance de l’univers ou les pirates. Il aime encore l’excitation que lui apporte le jeu même s’il va de plus en plus vers les jeux à règles qui lui permettent de plus facilement de jouer avec les autres. Il y rencontre le plaisir de la victoire et l’amertume de la défaite ainsi que de réelles responsabilités supposées qu’il a dans l’une et dans l’autre. 

Ayant acquit une sécurité suffisante, l’enfant ne craint plus la séparation. Mais il n’en a pas fini avec l’anxiété. La honte, la culpabilité sont rapidement éprouvées en cas de manquement personnel. Ce n’est plus l’éloignement des parents qui effraie, mais l’éloignement de leurs standards moraux qu’il a intériorisés. 

D’une façon générale, les enfants apprennent à s’appuyer sur leurs pensées pour contenir et transformer leur monde interne. Cela se traduit parfois par l’utilisation de rituels qui permettent de mettre à l’écart le tumultueux monde imaginaire. Les enfants créent des clubs secrets ou s’investissent dans les apprentissages scolaires. Mais cette solution ouvre aussi à de nouvelles anxiétés liées aux résultats scolaires. Ne pas réussir à l’école, c’est décevoir les parents. Les anciennes anxiétés de séparation sont alors réactivées ce qui suscitent des sentiments de honte ou de culpabilité

En six et 12 ans, on s’intéressera principalement à la manière dont les écrans fonctionnement dans le contexte du passage de la vie familiale à la vie sociale. 

  • L’enfant a-t-il  des contacts avec des étrangers sur l’Internet
  • Que partage l’enfant sur les réseaux sociaux  (images, géolocalisation, contenus)?
  • Quel est le jeu/média préféré de l’enfant
  • Avec qui l’enfant joue-t-il aux jeux vidéo
  • Comment l’enfant joue aux jeux vidéo