En 1965, le nouveau directeur de l’IPTO, Robert Taylor, est convaincu que les ordinateurs ne sont pas seulement des machines à calculer mais aussi un medium permettant à des personnes de partager des idées. Il peut constater que le système de temps partagé permet effectivement à des communautés de se former et d’échanger. Mais il peut aussi constater que la communication entre groupe de travail reste difficile : chaque communauté de travail est attaché à une machine et chaque machine peut avoir son propre système de temps partagé. Se mettre en lien avec un autre groupe de travail signifiait alors se connecter à leur terminal. En février 1966, Robert Taylor fait part au directeur de l’ARPA,Charles Herzfeld, de son idée de connecter les différents terminaux par un réseau. Il reçoit un premier financement d’un million de dollars et embauche à la fin de l’année Lawrence Robert qui travaillait pour Lincoln Labs pour réaliser le réseau. Roberts était intéressé par le travail sur la communication entre les machines, et il avait réussi MIT a connecter un ordinateur TX-2 avec un ordinateur Q-32 grâce a un tout nouveau appareil qui venait d’être inventé par la Bell Compagny : le modem. Les deux chercheur ont ainsi prouvé que le concept de communication par paquets proposé par Leonard Kleinrock, lui aussi du MIT, était une solution viable.
Si Licklider rêvait d’un « réseau intergalactique » et d’une « symbiose homme-machine », Lawrence G. Roberts avait lui des « Plans pour un réseau ARPANET » qu’il présente en 1967 a une lors d’une conférence. Il y expose comment on pourrait connecter tous les ordinateurs de l’ARPA en un réseau via des lignes téléphoniques. A cette même conférence Donald Davies et Robert Scantlebury du National Physical Laboratory (Royaume Uni) présentent un rapport sur le concept de réseau à commutation de paquets. Paul Baran, de la Rand Corporation présente son travail sur la transmission sécurisée de la voix, également sur un réseau à commutation de paquets. Les militaires s’inquiétaient de voir les centres de contrôle privés de communication si la guerre froide venait à se réchauffer. La RAND avait alors travaillé sur l’idée de « paquets » ayant tous la même autorité et passant de nœud en nœud sur un réseau sans système central. Ainsi, au seuil des années 70, les théories et les techniques convergeaient toutes vers la création d’un réseau non hiérarchisé et non centralisé
Cependant, la proposition de Lawrence Roberts n’est pas très bien reçue : les scientifiques sont séduits par l’idée du partage des ressources mais ce qu’ils souhaitent ce n’est pas un réseau mais des ordinateurs pour leurs laboratoires((Larry Roberts. (pas de date). . Retrouvé Mars 11, 2009, de http://www.ibiblio.org/pioneers/roberts.html.))
Le réseau imaginé par Lawrence Roberts reprend l’expérience princeps de Tom Marill qui avait appelé « protocole » la procédure consistant à envoyer d’un ordinateur à un autre un message et de le retransmettre tant que l’ordinateur émetteur n’a pas reçu d’accusé de réception. Dans le cadre d’un réseau, des ordinateurs sont chargés de la gestion du trafic des paquets, permettant ainsi a des ordinateurs hétérogènes de communiquer entre elles. Roberts appelle ces machines des ce sont les Interface Message Processor
En Août 1968, la structure et les spécifications du futur réseau sont arrêtées et un appel d’offre est lancé. Il est remporté par la société Bolt Beranek & Newman (BB&N) qui réalisera les commutateurs de paquets (Interface Message Processor).
A la fin 1969, BB&N livre 4 de ces machines et l’ARPA les installe dans des centres universitaires ou elle soutient des programmes de recherche. L’université de Californie à Los Angeles (UCLA), le SRI de Stanford, l’Université d’Utah et l’Université de Californie à Santa Barbara reçoivent chacune une des précieuses machines. Le premier réseau commuté est conforme à l’idéal de Licklider. Certes, pour le « intergalactique » il faudra encore attendre un peu. Mais il s’agit bien d’un système permettant à toute personne d’accéder à une information ou une ressource quelque où qu’il se trouve sur le réseau. Et conformément aux attentes de Licklider, une vie sociale se développe autour des machines. Sans doute n’est ce pas la symbiose qu’il appelait de ses vœux. Il s’agit davantage d’une colonisation, ou d’un parasitage : les hommes ne communiquent pas seulement au travers des machines, mais autour d’elles.
En 1971, ARPAnet compte 15 nœuds et 23 machines. Elles sont 50 en 1972 et en juillet 1975 le réseau est livré à l’armée comme opérationnel. Dans les faits, il est fréquenté par un nombre sans cesse croissant de civils, qui utilisent le réseau pour leurs recherches universitaires mais également pour rester en contact avec d’anciens collègues, poursuivre une discussion de façon plus détendue que pendant un cours ou un séminaire ou tout simplement se raconter la dernière blague à la mode.