1994. USENET. Sur plus de 80 groupes de discussion, des centaines de personnes s’échangent des dizaines de millier messages enflammés sur près d’une années. C’est la plus grande flaming war que n’ait jamais connu le réseau USENET et à ce jour l’Internet dans son entier. Le conflit est si intense que certains tentent de prendre des mesures extrêmes : la destruction d’un groupe ou une Usenet Death Penalty, c’est-à-dire l’annulation de tout message émanant d’un Fournisseur Accès Internet. L’origine de tout ceci ? : un troll.
La « meow war »
Pour comprendre ce conflit qui a embrasé une grande partie de USENET, il faut avoir en tête l’histoire et la géographie de ce réseau. USENET émane de la rêverie de deux étudiants, Tom TRUCOTT et Jim ELLIS, d’un réseau mondial et ouvert sur lequel on pourrait s’échanger des fichiers. Avec Denis ROCKWELL et Steve BELLOVIN, ils mettent au point le format d’envoi des messages et le programme permettant le transfert des fichiers connectés entre deux machines par un modem. se familiers du réseau ARPANET. L’idée d’un tel netnews est proposé a la conférence Usenix en 1980 et remportent immédiatement un grand succès. Il y trouve son nom : USEr NETwork (le réseau des utilisateurs). La structure ouverte de USENET assure sa réussite : toute personne possédant un ordinateur peut le mettre à la disposition du réseau pour transmettre des messages. Il peut choisir de transporter les messages de tous les groupes de discussion (« newgroup ») du réseau, des groupes de son choix, ou même de quelques groupes. Chaque administrateur d’un site est maître chez soi Le développement du réseau, le nombre croissant d’utilisateurs, va amener les usenautes a mettre au point des règles pour créer, détruire, renommer les groupes de discussion.
En 1983, devant l’augmentation du trafic, et les problèmes que le gigantisme pose, des administrateurs comme Gene SPAFFORD, philosophe et informaticien décident de consacrer des machines uniquement au réseau Usenet sans aucune considération de temps machine ou de coût téléphonique. Les machines de ces administrateurs transmettent les messages rapidement et de façon fiable ; elles deviennent vite indispensable à Usenet et en deviennent l’épine dorsale (backbone). De façon logique, les administrateurs comme SPAFFORD ont un poids important dans la gestion de Usenet : les machines de la backbone transportent une part importante de Usenet. Si un groupe de discussion n’est pas distribué par la backbone, il a peu de chances d’être lu. Ce poids leur permettra d’imposer trois ans plus tard une restructuration complète de USENET ((L’événement (Juillet 1986 – Mars 1987) est connu sous le nom de « The Great Renaming » – (le Grand Renomage). Pour les détails de l’histoire de USENET, voir LEROUX, Yann, Approche psychanalytique des groupes sur Internet, http://www.psyapsy.org))
Elle est connue sous le nom de The Great Renaming – (Le Grand Renommage) et va s’étendre de Juillet 1986 à Mars 1987. Aux hiérarchies primaires se substituent 7 nouvelles hiérarchies : comp pour tout ce qui concerne les ordinateurs, .misc pour les sujets « divers », news pour les nouveautés, rec pour les sujets récréatifs, sci pour les sujets scientifiques, soc pour les sujets sociologiques et talk pour les sujets polémiques. En 1996 sera ajouté une huitième hiérarchie, .humanities pour les « humanités » Dans un grand effort taxinomique, les administrateurs de la backbone tentent ainsi de trouver une place pour tout forum ou pour tout sujet. La restructuration est vécue par beaucoup comme un coup de force, et bientôt on parle d’une cabale des administrateurs de la backbone. Ceux-ci voudraient prendre le pouvoir sur USENET et priver les usenautes de cette liberté de parole à laquelle ils sont si attachés.
Une succession de conflits conduiront Brian REIND, qui faisait partie de la « backbone cabal, a créer dans USENET la hiérarchie alt (pour alternative) dans laquelle la création d’un groupe de discussion et simplifiée a l’extrème : il suffit d’en faire la demande dans le groupe ad-hoc (alt.config). La distribution du groupe dépend de son succès et le groupe est « immortel » tant que des personnes y discutent. Brian REID, crée soc.sex. Dans la foulée, il crée alt.drugs et par « nécessité artistique » alt.rock-n-roll.
USENET est né en 1980 du rêve de quelques étudiants ((Tom PRESCOTT, Jim ELLIS puis Denis ROCWELL et Jim BELLOVIN)) d’un réseau qui déborderait les limites de l’ARPANET sur lequel on des échanges. Ils mettent au point le format d’envoi des messages et le programme des permettant le transfert des fichiers connectés entre deux machines par un modem en utilisant le protocole de communication UUCP de la version 7 de Unix. « Unix » signifie gratuit, et large distribution ; c’est l’une des raisons du succès de ce réseau. L’autre est son idéologie égalitaire : chacun peut mettre en place un site à partir duquel il administrera les messages qui transitent par sa machine. Chaque administrateur est maître chez soi, c’est-à-dire qu’il peut choisir de distribuer sur USENET l’ensemble de la hiérarchie, quelques groupes, ou quelques messages uniquement. Cet idéal d’égalité totale sera mis à mal par le succès même du réseau : l’arrivée sans cesse croissant de nouveau venus amène les usenautes a mettre au point des règles collectives de gestion des groupes et même à réorganiser l’ensemble du réseau [2] pour lui donner l’allure qu’on lui connaît aujourd’hui.
Coté utilisateur, Usenet est accessible via un programme spécifique, un newsreader (lecteur de news). Les groupes sont présenté dans des emboîtements gigognes : dans comp pour tout ce qui concerne les ordinateurs, .misc pour les sujets « divers », news pour les nouveautés, rec pour les sujets récréatifs, sci pour les sujets scientifiques, soc pour les sujets sociologiques et talk pour les sujets polémiques. En 1996 sera ajouté une huitième hiérarchie, .humanities pour les « humanités » Ainsi, rec.music.beattles sera consacré aux Beattles, que rec.music.instruments concernera toutes les discussion sur les instruments de musique et rec.music.instruments.piano concernera les discussions sur le piano. A l’intérieur de chaque groupe, les messages sont présentés sous la forme d’empilements appelés « fils de discussion ». Chaque nouveau message sur le groupe ouvre un nouveau fil. Les fils de discussion sont présentés sous la forme d’indentations qui permettent d’avoir une vue hiérarchisée de la discussion. Le premier message est placé le plus à gauche, et les réponses a ce premier message sont décalées a droite.
Par exemple :
[Premier message]
Réponse 1 au premier message
Réponse 2 au premier message
Réponse 1 à Réponse 2 au premier message
Réponse 1 à Réponse 1 à Réponse 2 au premier message
Réponse 3 au premier message
Chaque message est identifié par son titre, son auteur, et sa date d’émission et un identifiant (message-id), ce qui permet a chaque utilisateur de les classer, de les retrouver ou de les filtrer en fonction de ces éléments. Chaque usenaute est abonné à un ou plusieurs groupe, et dans chaque groupe à un ou plusieurs fils de discussion. Son comportement sur le groupe est réglé par un ensemble de règles, la netiquette, qui lui indique quel comportement est attendu de lui ((La première formalisation de cette netiquette date de 1995. Elle est largement connue et distribuée sous le nom de RFC 1855 : http://www.ietf.org/rfc/rfc1855.txt ou sa traduction par Jean-Pierre KUYPERS : http://www.sri.ucl.ac.be/SRI/rfc1855.fr.html))
La création et sa destruction d’un groupe de discussion font l’objet de règles précises : une annonce est faite par le proposant dans plusieurs groupes, et la discussion se fait dans un groupe précis. En cas de consensus suffisant, le proposant met la création au vote, et si le vote est favorable, le groupe est crée. Chaque usenaute s’abonne aux groupes de discussion qui l’intéressent. Il charge alors les en-têtes des nouveaux messages, et les messages des fils de discussion auxquels il est abonné. La structure est donc la suivante : une hiérarchie de groupes de discussion emboités les uns dans les autres, et dans chaque groupes des fils de discussion dans lesquels les messages sont présentés les
Certains trouveront la procédure trop lourde, et Brian REIND (1988) proposera des règles de création simplifiées au sein d’une hierarchie alternative : n’importe qui peut créer un groupe, sans Appel a Discussion ni vote, et, afin d’assurer la liberté de parole, un groupe ne pourra être détruit s’il est actif. Cette grande facilité donnera fera que le nom des groupes eux-mêmes deviendront une forme de commentaire ou d’humour.
C’est un tel witz qui donne naissance à alt.fan.karl-malden : personne ne se souvient de Karl Malden, et d’évidence, il a peu de fan : le groupe reste vide pendant des années. En mais 1993, nouveau pied de nez : le groupe prend le nom de alt.karl-malden.nose ((Les messages de control ont été retrouvé par http://www.godhatesjanks.org/webcenter/nose-newgroup.html)) mais reste toujours aussi peu fréquenté. Un article de control en août 1994 tente de le détruire. En vain, car cette même année, des étudiants de Havard commencent à y poster régulièrement à tel point qu’un administrateur poste un « booster message » en Janvier 1995 afin que le groupe, avec sa centaine de messages par jour, soit mieux distribué. Le nom du groupe est souligné du commentaire suivant : « Qui sait quelle menace gît dans le cœur du nez ». De fait, alt.karl-malden.nose est devenu une sorte de QG à partir des trolls sont lancés vers d’autres groupes comme alt.fan.ok.soda, all.fan.pooh ou encore alt.music.white-power.
En Janvier 1996, une étincelle va mettre le feu aux poudres. Matt BRUCE, étudiant d’Havard et membre de l’équipe de Quizzbowl, propose de troller le groupe alt.tv.beavis-n-butthead . Le message, qui propose d’utiliser « une grammaire parfaite, et de refuser de parler comme ces ruffiants » est posté dans le groupe cible, et cruciposté dans une dizaine d’autres groupes. Pendant quelques temps, on s’échange quelques : les uns rappellent a Matt BRUCE ce qu’ils souhaitait avoir comme cadeau de fin d’études, et les autres renvoient au voisin de Neil AMSTRONG. Après la phrase célèbre : « un petit pas pour l’homme… », Neil AMSTRONG aurait lâché la phrase sybilline : « Good luck M. Gorsky » dont il aurait, 26 ans plus tard, donné quelques explication : enfant, il aurait surpris une dispute de ses voisins, Mme GORSKY disant a son mari qu’il aurait une fellation lorsque le gamin d’a coté marcherait sur la lune. Une fellation est précisément le cadeau que Matt BRUCE espère a la fin de son année d’études
Dans le même temps, quelques habitués du nose reprennent l’habitude d’un des leur : Chuck TRUESDELL signe tous ses messages sur alt.fan.beavis-n-butthead d’un « meow » (miaou), dans double. D’abord de ses initiales (C a T) et ensuite dans une référence à la marionnette Henrietta Pussycatt du programme éducatif Mr Rogers’ Neighborohood qui a été diffusé sur le National Educational Television puis jusqu’en 2001 sur d’autres télévisions américaines. Henrietta est une chatte qui saupoudre ses phrases de « miaou » et a l’habitude de distraire son voisin X, qui est un intelectuel pragmatique et un grand admirateur de Benjamin Franklin. Dans le groupe des nosers comme ils s’appellent eux-mêmes, l’idée fait flores, et des « meow » commencent à apparaît ça et là. Matt BRUCE le reprend dans un message qui restera célèbre : “Meow meow Henrietta Pussycat meow meow meow The Presidents of the United States of America meow Kitty” parce qu’il signera le début de la Meow War.
Les habitués de alt.tv.beavis-n-butthead relèvent en effet ce « meow » et l’utilisent massivement dans tous leurs messages. Quelques uns retrouvent remontent les fils des discussions auquels ont participés quelques « nosers » et retrouvent leurs groupe de prédilection, alt.college.college-bowl et l’inondent de « meow » à tel point que le groupe devient illisible. Enfin, le nose, point d’origine du conflit, est découvert, attaqué et rapidement conquis. Le conflit s’étend tout d’abord aux groupes concernés par le premier crucipostage de Matt BRUCE, mais bientôt, des « meow » il suffit qu’un groupe contienne un message d’un noser pour qu’il soit attaqué. Les meowers, comme ils s’appellent maintenant, ont mis au point une technique de trollage aussi simple qu’efficace : ils postent en cascade une énorme quantité de messages dont les titres et les messages n’ont pas d’autre objet que de contenir le mot « meow ». Ici, pas de double sens ou autre raffinement : seule la quantité compte, et les groupes attaqués se vident peu a peu de leurs habitants et se remplissent de d’images de chats en ASCII, de miaulements, de miaou-miaou gloussé, grognés, hululés, chantés, criés, gémis, vociférés d’une bande de chats que rien ne semble pouvoir calmer. Il suffit qu’un seul pousse ce cri maintenant honni pour qu’immédiatement d’autre se joigne a lui et que le groupe finisse par être submergé.
Il y a longtemps que les nosers ont été vaincus. A la fin du mois de Janvier 1996, Matt BRUCE tente une conciliation en affirmant que son premier message n’était qu’une plaisanterie. En Février, il en appelle a une sorte de cessez-le-feu mais dont le libellé même ajoute encore a la rage des meowers: « S’il vous plait arrêtez. Cessez et renoncez. Vous êtes seulement en train de passer pour des idiots » En mars, le conflit s’est étendu à l’extérieur des 12 premiers groupes qui commencent a se plaindre des crucipostages abusifs ce qui n’a pas d’autre effet que d’attirer l’attention des meowers qui ne tardent pas attaquer les plaignants. Le groupe alt.kook, repaire de trolls, est touché ; deux d’entre eux, John GRUBOR et Steve BOURSY se lancent dans le conflit et ajoutent, si c’est encore possible, de la confusion.
En avril, alt.college.college-bowl est devenu infréquentable. Certains joueurs du Quizz demandent a ce que le groupe soit modéré. John GRUBOR fait sortir le conflit d’Internet en menaçant d’intervenir de sorte que Matt BRUCE soit exclu d’Havard. Les cascades et flamewars se centrent maintenant sur le conflit Matt BRUCE / John GRUBOR et des clans, avec son champion en titre, se forment.
En Mai, Havard reçoit de l’aide du collège de Dartmouth qui tentent de dévier le flot de messages des meowers en dehors de alt.college.college-bowl. En vain : le groupe est bel est bien perdu et inutilisable. Des joueurs du Quizz proposent de se replier sur un nouveau groupe qui serait à créer. En attendant une solution, beaucoup se replient sur une liste de diffusion qui était précédemment utilisée pour les annonces générales et les quelques étudiants d’Havard qui étaient encore sur alt.karl-malden-nose l’abandonne. Le nose est maintenant devenu « meow central »
L’été apporte une pause, mais le conflit reprend immédiatement avec la rentrée de septembre et englobe une grande région de la hierarchie alt : 8O groupes de discussion sont atteints, et des plaintes s’élèvent un peu partout contre les cascades de meowers. Certains d’entre eux – ou des imitateurs – commencent a faire des incursions dans la hierarchie classique de USENET : des plaintes remontent de groupes comme soc.culture.israël, soc.culture.african-américan. L’adresse email de Matt BRUCE est inondée de meow a tel point qu’il perd son accès internet. Il faut se souvenir qu’en 1996, l’accès Internet est facturé au temps de connexion et se fait via des modems qui n’autorisaient qu’un très faible débit com. Les modems les plus rapides vont a 33600 bauds, et télécharger à 1 Ko par seconde est pratiquement un exploit. Dans ces conditions, charger des centaines de messages inutiles est une perte de temps, d’argent et source d’un grand désagrément. Les serveurs mails de l’université de Boston seront rendus inutilisables par un tel procédé.
Enfin, les meowers inventeront la création en masse de nouveaux groupes de discussion aux noms aussi exotiques qu’imbéciles. Pour créer un nouveau groupe dans cette hiérarchie, il faut poster un message dit de « control » qui est ensuite répercutée de site en site. Pour l’utilisateur lambda, la gêne est moins grande, mais le péril est plus important, car c’est la structure même de la hiérarchie alt qui est ici touchée. Coté meowers, c’est au mieux de la facétie. Coté Usenet, la création et la distribution de groupes qui resteront vides est une perte de temps, d’énergie et de ressources. Partout, de nouveaux groupes surgissent, et il devient impossible pour les administrateurs de chaque site, d’avoir une liste des groupes qu’il est vraiment nécessaire de distribuer. A coté de la hiérarchie alt réelle, grossit un ensemble de groupes, aux contours flous, dont le statut vrai/faux est difficilement décidable et dont on ne sait donc pas s’il est nécessaire de les faire exister ou pas.
Certains utilisateurs commencent a s’organiser contre les attaques des meowers. Petrea MITCHELL poste régulièrement un « Cascade watch » sur alt.college.college-bowl, qui permet a chacun d’alimenter les filtres de son client news afin de ne pas charger de messages inutiles. Les meowers réagissent en inventant le morphing : ils changent d’identité, ou le titre du fil, parfois à un caractère près, de façon a éviter les mesures de filtrage et surtout, il se réfugient derrière l’idéal de liberté de parole de USENET. La guerre a changé une nouvelle fois de direction : après le premier conflit nosers/alt.fan.tv.beavis-n-butthead, puis le conflit Matt BRUCE / Steve BOURSY, c’est maintenant autour de la question de la liberté de parole que les choses . « Meow » est maintenant le cri de ralliement de toute personne contre la censure, réelle ou supposée. Steve BOURSY fait circuler à partir du mois d’octobre des listes de personnes offertes a la détestation du petit peuple de USENET. Le pogrom n’est pas loin, et la hierarchie alt est au bord du chaos. De nouvelles demandes de suppression de ce qui semble être la source de sont à nouveau envoyé. Comme les autres, elles n’ont pas de chance d’aboutir, puisqu’un groupe ne peut être supprimé que s’il est vide de message, mais ils portent en eux la lassitude d’une multitude de usenautes qui voient les cascades des meowers comme des dégradations, et non pas comme un performance artistiques, ou comme l’expression d’un Free act of Speech comme certains tentent de le faire passer((De ce point de vue, Internet serait le lieu ou le premier amendement de la constitution américaine pourrait s’exercer pleinement : liberté de la parole ou de la presse, droit de réunion, droit de pétition. Il y manquerait juste un Congrès, détail qui me semble avoir son importance)). Ainsi, un auteur comme Grillo le Clown affirment que les cascades et autres messages hors-charte sont des performances artistiques et protégées par un droit inaliénable à la libre parole. Que les messages soient incompréhensibles n’a pas d’importance car ils refléteraient ses sentiments profonds. En décembre 1996, Steve GRUBOR s’est auto-déclaré chef d’une Meow Force mais après presqu’une année flamboyante, les meowers sont sur le déclin. Leur influence sur USENET se fait moins grande, leurs cascades moins vigoureuses et petit à petit le conflit s’éteint. Les meow reprennent parfois : en mai 1997 et en août 1998, il réapparaissent sur alt.college.college-bowl, mais le phénomène n’aura pas la même ampleur qui fera comparer la meow war à la seconde guerre mondiale ou qui lui donnera le titre de Mère de Tous les Trolls.
La baisse de la vitalité des cascades des meowers n’est pas la seule raison de la fin de la Meow War. L’organisation de quelques usenautes a joué un rôle important. A coté des cascades watch de Petrea MITCHELL, d’autres dispositifs ont été mis en place. C’est ainsi qu’une signature digitale a été rendu obligatoire pour accepter les messages de control, empêchant ainsi la création anarchique de nouveaux groupes, ou encore que certains ont appelé a la mise en place d’une Usenet Death Penalty (UDP), c’est-à-dire l’interdiction de tout message venant d’un Fournisseur d’Accès Internet. Cela a donné lieu a des débats passionnés : peut on pénaliser le plus grand nombre pour sanctionner quelques gêneurs ? et à l’invention d’une UDP frappant une seule personne, Raoul XEMBLINOSKY, mise en place par Kalish III. Ce dernier devra revenir sur sa décision suite aux discussions sur news.admin.net-abuse.usenet en admettant qu’une UDP personnelle était contraire a la liberté de parole prônée sur Usenet. De toute façon, avec la croissance de l’Internet et la multiplication des comptes email gratuit, la mise en place de telles UDP devenaient techniquement impossibles. Par contre, le filtrage coté serveur était bien plus efficace : il est aisé de mettre en place des limitations sur le nombre de groupes pouvant être affectés par un crucipostage ou des temporisations au postage.