De plus en plus d’enseignants anglo-saxons, comme Howard Rheingold et utilisent Twitter dans leurs cours comme canal arrière (( En attendant une meilleure inspiration, c’est ainsi que je traduis backchanneling)). Les étudiants et le professeur disposent ainsi d’un canal de communication supplémentaire qu’ils peuvent utiliser sans perturber le cours. Des données peuvent être récoltées, échangés et commentées et les communications peuvent se faire de l’enseignant vers le groupe, des individus vers le groupe, des invidivu vers l’enseignant. Le groupe peut par ailleurs communiquer avec des personnes qui ne sont pas dans la classe. Enfin, des communications privées, de personne à personne, peuvent  se produire.

Le backchanneling est un bon exemple de la façon dont les masses peuvent s’approprier  la technologie. Le terme a été forgé par Victor Yngve en 1970 pour désigner les communications non verbales qui se produisent lors d’une communication en face à face. En 2002, des participants à une conférence  se font l’écho des propos de l’orateur, ouvrant dans le cyberespace une discussion dont les effets se feront sentir dans la salle. Mark Zuckenberg a lui aussi eu à faire face à une telle foule numérique. La technologie est là. Les usages sont en place. Il va donc falloir faire avec. De plus en plus de personnes ne se contentent plus de participer à un événement sans chercher ou produire de l’information sur cet événement dans le cyberespace

 

Micro-blogging

Avec Twitter, on a vu se développer une série de nouveaux services qui ont pris le nom de micro-blogging. Il s’agit de services permettant de délivrer de cours messages. Il peut s’agit de vidéos (12 seconds), ou de textes. Ceux-ci peuvent être bruts (twitter) ou enrichis (plurk). Les messages permettent des conversations en faisant précéder le nom de la personne par le signe @ ou encore en utilisant le signe #. Les services de micro-blogging permettent également des recherches en utilisant les clés classiques : nom, date, chaîne de caractères.

 

Twitter pendant un cours

Il y a toujours pendant un cours un peu de bruit, c’est-à-dire de communication plus ou moins en lien avec la situation d’enseignement. L’idée du backchanneling est de transformer ce bruit en conversations publiques. Le changement est radical puisque l’on passe de conversations ou d’attitudes sur lesquelles étaient jetée un voile d’opprobe à quelque chose qui est valorisé parce que possiblement source de travail et utile à d’autres. Il ne faut pas se méprendre : il ne s’agit pas de supprimer tout bruit. Y arriver serait le signe le plus sûr que l’on est face à un groupe prêt à subir un lavage de cerveau mais inapte à tout apprentissage. Aucun groupe n’est disponible à 100% pour un apprentissage pendant 100% du temps de l’enseignement.

 

Pourquoi utiliser twitter pendant un cours ?

Jusqu’a la faculté, il est relativement facile d’empêcher les élèves  d’utiliser les dispositifs d’écriture en ligne. Le résultat le plus sûr que l’on obtiendra sera que l’on formera une ou plusieurs générations d’illetrés à l’Internet. Penser que les enfants ont une meilleure connaissance du réseau parce qu’ils sont des enfants, c’est réfléchir à l’envers. Les enfants pensent comme des enfants, et même s’ils apprennent par essai-erreur, il y a une foule de choses qui sont au-delà de leur horizon précisément parce qu’ils sont des enfants. Un des bénéfices de l’age est de voir au-delà de cet horizon. Il serait dommage de ne pas le partager avec les enfants.

Au delà de ce propos général, l’utilisation de twitter pendant dans une salle de classe a plusieurs avantages

Un compte au nom de la classe promeut l’identité de cette classe et favorise la construction d’un "être ensemble". Il permet de travailler les questions de l’identité en ligne.

Un compte au nom de la classe permet d’être en contact avec le monde extérieur en général et avec les parents en particulier. Il est ainsi possible de construire toute une écologie en ligne dans laquelle pourront interagir différents acteurs (autres classes, parents, représentants des élèves et des parents, experts ou amateurs éclairés d’une question travaillée en classe.

Pendant un cours, l’utilisation de Twitter soutient et favorise l’interactivité. Prendre la parole dans un groupe n’est pas une chose évidente. Le faire dans l’enveloppe du fil Twitter de la classe est bien plus facile.

Twitter peut être utilisé comme un carnet de notes. Il peut servir poser des questions à l’ enseignant ou à l’audience. Il peut être utilisé pour former une audience composée de ceux qui sont en présence et ceux qui sont représentés. Les twitts fonctionnent comme autant de dépôts sur lesquels il est possible de revenir. Ils constituent, petit à petit, la mémoire pédagogique de la classe.

 

Twitter est une source de distraction.

Le fait que Twitter soit une source de distraction ne doit pas troubler outre mesure. La toilette de l’ enseignant, le voisin de table, un bruit dehors le sont tout autant. Les sources de distraction sont nombreuses dans une salle de classe, qu’elles soient externes ou qu’elle correspondent à la vie imaginaire de l’élève. L’attention de ce dernier va et vient.  Elle peut bien entendu se perdre, et l’élève perdre le fil du cours. C’est même assez banal puisque le temps moyen de concentration est d’une quarantaine de minutes. En dehors de ce temps, les élèves tentent le plus souvent de survivre à la masse d’information qui leur est imposée. Cette masse serait plus facilement assimilable si les enfants pouvaient la manipuler à loisir. C’est précisément ce que peut permettre Twitter.

 

Pédagogie de paillasse

On m’objectera que c’est là de la pédagogie de paillasse : je ne suis pas pédagogue, je n’ai pas de charge de d’enseignement, et il m’est facile, du fond de mon laboratoire à idées, de donner des conseils. C’est une critique que j’accepte volontiers même si je m’appuie sur l’ expérience d’autres pédagogues. Aussi, serai-je heureux de pouvoir en discuter avec des pédagogues et enseignants francophones