Les services de géolocalisation ont le vent en poupe. Ils sont le dernier développement des noces de l’Internet avec la téléphonie mobile. Ils procèdent pour une part d’une pratique née dans les années 2000 lorsque les les dispositifs de géolocalisation se sont démocratisé.Le geocaching est à mi chemin entre la course d’orientation et la course au trésor. C’est une pratique qui réintroduit la perte dans un espace qui était devenu inexorablement quadrillé.
Si Foursquare avec plus d’un million d’utilisateurs est leader, il existe toute une myriade de services : veniu, plyce, dismoiou (tellmewhere), yuback, brigthkite, aka-aki, Google latitude, OnTheRoad, Google buzz, Gowalla, Yelp ! …
Comme le montre l’infographie ci contre, le développement des services a été constant depuis 2000. Il explose aujourd’hui du fait de la maturation de la téléphonie mobile.
Comme toujours, les services sont mis en place et les usages s’inventent. Certains sont vertueux, et sont utilisés a des fin d’éducation ou associatives. Par exemple la puissante National Wildlife Federation travaille sur une utilisation de Foursquare qui permettrait a chacun d’avoir des informations supplémentaires sur la faune et la flore d’un endroit donné.
History Channel a une page Foursquare La chaine de télévision tagge les différents lieux historiques américain .
Mais d’une façon générale, les services de géolocalisation servent à collecter les données de chaque utilisateur.Il y a là de quoi faire travailler des armées de statisticiens et de quoi vendre des beaucoup de coca-cola et de pizza. Les grandes marques américaines sont surveillent de près ces services de géolocalisation et Foursquare leur donne même un accès aux données qui concernent les lieux ou ils sont implantés. Un article récent du New-York Times [NWT, 28 Avril 2010] les montre très intéressées par cette traçabilité parfaites des clients.
Reste que ces services de géolocalisation sont intéressants à utiliser. Pourquoi ? Parce qu’ils jouent sur des leviers psychologiques simples. Il s’agit encore et encore de désir..
Il permettent de garder le contact. L’homme est une être social. Nous vivons par et pour le liens social. Nous sommes profondément déterminés par les autres. Cette sociabilité était jusqu’à présent rythmée par la présence et l’absence. Le cyberespace, et particulièrement le microbrloggin et services de géolocalisation qui permettent des mise à jour rapides et fréquentesre mettent tout cela en cause. ils participent à la création de ce que Leisa Reichelt a appelé l’intimité ambiante. [Slideshare] : il s’agit de la capacité à rester en lien avec des personnes en dépit de l’éloignement géographique ou temporel. Ils permettent un nouveau type de lien : être avec quelqu’un dans/en son absence.
Ils permettent d’être propriétaire. Le numérique est pain béni pour nos inconscients. De nouveaux objets sont à investir, et ils sont pléthoriques. Les désirs de possession et de maîtrise peuvent jouer à plein. Pour l’inconscient en effet, la qualité immatérielle de l’objet n’est pas un obstacle à son investissement. Le plaisir de posséder une badge Foursquare ou une monture spéciale dans World of Warcraft est aussi grand que celui de posséder un objet physique.
La surveillance est bien évidement un motif important. Avec l’intimité ambiante, vient la possibilité de garder un œil sur les activités des uns et des autres. Ego peut ainsi suivre les déplacements des membres de son réseau, capter leurs humeurs, être alerté des petits et grands événements de leurs journées, ne rien ignorer de leurs rythmes, de leurs allées et venues dans les transports en communs, ni même de leurs rencontres. Il y a ici au moins trois aspects. Les deux premiers correspondent à la surveillance, dans ses aspects “bons’” et “mauvais”. Le dernier correspond au mécanisme d’identification projective décrit par la psychanalyste [W:Melanie Klein] Le contact (presque) permanent favorise les fantasmes d’intrusion, de contrôle et de possession d’autrui. Ils peuvent être mis au service d’un travail de symbolisation – vivre par procuration la vie psychique des autres pour mieux comprendre la sienne – ou au services de mécanismes paranoïaque ou pervers : surveiller l’autre pour lui nuire ou pour en jouir.
Le désir d’être ailleurs trouve ici à se satisfaire. Certains services de géolocalisation permettent d’être ailleurs que là ou l’on se trouve (Foursquare), ou de maintenir une permanence en un lieu (Google Lattitude). Le premier mouvement découple la présence de l’être-là-en-corps ce qui donne grand sentiment de liberté. Ego n’est plus enfermé dans son corps, cette “topie impitoyable” comme l’appelait Michel Foucault; il peut goûter aux plaisirs de l’hétérotopie. Le second a trait aux désirs de maîtrise mais aussi à la permanence au sens d’un maintient d’une forme. Cela peut être la permanence comme identité – il y a au moins un lieu ou Ego est permanent, identité à lui-même – ou la permanence d’un lieu – l’investissement du lieu est à l’image de l’investissement conscient et inconscient du lieu physique et de ce qu’il évoque.
L’angoisse est également un ressort. L’angoisse de ne pas savoir ou l’on est, d’être perdu est une des angoisses les plus profondes de l’homme. Etre perdu, c’est être sans lien avec les siens. C’est être abandonné dans la Grande Forêt. Les services de géolocalisation sont alors les nos petits cailloux. Ils nous aident à marquer nos chemins de vie afin de reconnaître les lieux ou nous sommes et, en dernière instance ce lieu que nous appelons “moi”