Il y a une année, nous allions d’un service à l’autre. Les semaines sans nouvelles inscription à une enième killing app étaient rares et cette spirale semblait être sans fin. Les choses semblent se calmer d’une façon étonnante : nous retournons vers un service que quelques uns connaissaient et que nous avions sans doute un peu vite négligé. D’un autre coté, le dit serce, Friendfeed a considérablement évolué tout en résistant aux visuels sexy et glossy de tant de services 2.0.

On trouve sur Tête de quenelle quelques exlications du buzzz Friendfeed. Il y aurait eu au moins trois discussions qui auraient servit de points de fixation et la bascule se serait faite avec la conversion de quelques blogueurs influents. Le point commun a ces trois discussion est qu’elles soutiennent un désir de réunion. Un cercle vertueux se serait alors enclenché : Friendfeed proposant un outils d’import de ses followers et la possibilité de twitter depuis Friendfeed; la plateforme répondrait aux besoin des bloggeurx veilleurs, la migration devenait un choix logique. Conclusion :

Il n’y a donc pas d’irrationnel dans tout cela, juste un environement favorable, des signes, un déclencheur, un mécanisme. Et après tout, si Narvic n’avait pas décidé de migrer et de le faire savoir haut et fort, quelqu’un d’autre l’aurait surement fait à sa place. Juste une question de temps.

Il reste tout de même des éléments irrationnels. Les éléments donnés comme cause historique ne sauraient suffire. Beaucoup migrent sur Friendfeed en les ignorant. Ils basculent comme dans un jeu de dominos parce qu’il perçoivent que leur réseau va dans ce sens. Nous fonctionnons comme des bancs de poissons, ou si l’on veut une référence plus cyber, comme des boids, afin de maintenir la meilleurs distance possible avec nos pairs. Trop loin, nous ne ressentons pas la vie communautaire. Trop près, elle nous oppresse. C’est ainsi que nous oscillons entre l’ indifférence ou la méconnaissance de ce qui se passe dans un réseau à des plaintes sur le fait que celui-ci nous apporte trop d’information ((Vieille histoire : sur Usenet déjà, le ratio signal/bruit était l’objet de discussions sans fin))

 

Ce que l’on observe ici, ce sont sans doute un système auto-organisé c’est-à-dire la mise en place  d’ interactions sur la base de boucles de rétro-action. Cette auto-organisation se met en place a partir de signaux.  Elle offre des avantages inaccessibles à l’ individu au prix de l’ abandon de ce qui fait sa différence. Les pistes de chasse des fourmis rousses procèdent de cette organisation. Elles permettent de mourir la fourmilière mais au prix du respect de schémas d’action stricts : on ne peut pas ne pas répondre au signal.

Nous ne sommes pas des fourmis numériques, mais nous avons tout de même des fonctionnements de ce type. Cette migration n’a pas que des raisons rationnelles. Certaines sont inconscientes et plongent leurs racines dans notre besoin de protection et de contacts sociaux.

Il faut aussi prendre en compte la tendances des groupes a l’uniformisation c’est-à-dire à s’organiser sur le registre du même. Cette tendance est contrebalancée par les organisations sur mode plus différencié ((Les plateformes 2.0 l’on bien compris puisqu’elles proposes toutes de retrouver du même et de se différencier sur sa page de profil.)) et nous sommes sans cesse en train de chercher, en ligne comme hors ligne, la bonne distance.

Une autre clé joue également : l’affectivité. Il est des services et des personnes que nous aimons, auxquels nous sommes attachés durablement ou de façon éphémère. Nous pouvons sans doute dire pourquoi nous apprécions tel service ou telle personne, mais nous devons bien aussi admettre que dans ce domaine la raison n’est pas le seul facteur.

 

Il me semble important de pouvoir prendre en compte ce que nos conduites en ligne peuvent avoir d’irrationnel. Irrationnel ne signifie pas forcément quelque chose à combattre ou de mauvais. Sans vos vies affectives et imaginaires, rien ici ne se serait bâti. Mais en méconnaissant cet aspect, nous laissons s’ agrandir le fossé entre l’idéologie que nous mettons en avant (par ex. l’internet comme lieu de sociolisation ou comme outil démocratique) et les pratiques que nous avons. Pire : nous laissons la possibilité à d’autres d’exploiter notre socialité.

 

P.S. Techtoc.tv organise un débat sur Friendfeed