Il s’est produit à partir des années 50 aux Etats Unis un mouvement rapprochant des hommes et des ordinateurs.  Le mouvement s’est accéléré les années suivantes et une nouvelle figure a commencé à émerger : le Geek.. Elle s’est cristallisée autour des ordinateurs  et les matières numériques qu’ils produisent et a explosé avec l’arrivée de l’informatique personnelle. Je fais l’hypothèse que l’informatique personnelle, et toute l’industrie qui en découle, procède de la mise en culture de quelques uns de traits spécifiques. Le Geek est finalement celui qui mêle la technologie numérique avec un imaginaire issu de l’heroic fantasy, de la science fiction, ou des comics, le tout avec une pointe d’humour ((Le mélange est une des caractéristiques forte de la culture geek. C’est au goût du rapprochement improbable que l’on doit l’email et les mashups))

Nous devons trois miracles aux geeks.

D’abord, les geeks ont pressenti et mis en œuvre des choses impensées à l’époque. Ce sont eux qui ont avancé l’idée qu’il est  possible de créer de la beauté avec des ordinateurs. L’amour, pour ne pas dire la passion, porté a l’environnement non humain,a transformé  les a amené a changer profondément les machines avec lesquelles ils étaient en contact. Ces machines sont maintenant si si proches de nous que nous les portons au plus près de notre corps. Les téléphones et autres compagnons numériques sont devenus des espaces de dépôt et de partage de nos vie intimes et sociales.  Elles sont devenues bonnes à penser (good-to-think-with, S. Turkle) C’est là le premier miracle Geek

Le second miracle serait d’avoir permis que ce qui était le bien d’une minorité et a la périphérie  de la culture devienne mainstream. Les ordinateurs et les matières numériques sont maintenant un des cœurs battants de nos sociétés alors qu’elles n’étaient dans les années 1950 que de bêtes broyeuses de chiffres.

Le troisième miracle est d’avoir conservé ce qui faisait leur spécificité malgré l’arrivée d’autres acteurs, d’autres normes et d’autres valeurs. Le petit groupe de départ a su maintenir ce qu’il avait construit comme malgré l’agrandissement et l’arrivée des multitudes dans les années 2000 : la netiquette, le format libre de l’information, etc.

 

P.S. : Sur la culture Geek, on lira avec bonheur David Peyron et son interview sur le blogue du Figaro