La revue Sciences Humaines consacre son Grand Dossier aux psychothérapies. Sciences Humaines fait depuis des années un travail de vulgarisation et a publié un Dictionnaire des Sciences Humaines qui est très bien fait. Le Guide et bilan critique qu’ils proposent est de la même veine. On pourrait lui reprocher d’être un peu rapide, mais je ne doute pas qu’un livre contenant tout ce que la revue n’avait pu contenir sera bientôt publié.
En France, nous avons été affectés par une querelle aussi violente que vaine entre Thérapies Cognitives et Comportementales (TCC) et psychanalyse. L’apreté des échanges est sans doute renforcée par un contexte français. La psychanalyse a été, après un accueil difficile des médecins qui voulaient la franciser, été hégémonique dans les années 1970-1980. Les conflits entre lacaniens et SPP et la guerilla qui s’en est suivie pendant 20 ans n’ont pas arrangé les choses. L’uns des intérets de ce Grand Dossier de de réunir dans un même lieu des disciplines qui, malheureusement, ne pas assez. On trouvera donc des articles sur la psychanalyse, les TCC, l’hypnose, la gestalt thérapie…
L’avant dernier article est consacré aux soins en réalité virtuelle. Je ne doute pas que dans 5 ans, le prochain Grand Dossier sur les psychothérapies fera sa une sur “les réalités virtuelles”. L’article est centré sur l’usage que l’on peut en faire en psychothérapie. Le cadre conceptuel est issu des TCC : on utilise des simulations pour désensibiliser le patient. l’exposition est graduelle, controlée par le patient et le thérapeute. Elle peut être répétée plusieurs fois, interrompue rapidement et se dérouler dans le cabinet du thérapeute. Ce dernier point, cependant, est quelque peu exagéré. Combien de thérapeutes peuvent s’offrir la voûte immersive Psyché ?
il s’agit dont plutôt d’un travail de médiation avec un ordinateur qui propose des environnements simulant des situations phobogènes : peur du train, de l’avion, de petits animaux etc. Il existe également des travaux sur les troubles alimentaires, et des dispositifs spécialement désignés pour des enfants autistes ont été conçus par Microsoft ((Il serait *heureux* que Microsoft propose en open source plutôt que de le laisser sur un disque dur))
Étonnement, les TCC retrouvent la puissance de l’imaginaire chantée par les poètes et explorée par la psychanalyse : “La réalité virtuelle utilise donc l’imaginaire comme support de travail” peut-on lire. Voilà donc une sorte de redécouverte du [W:rêve-éveillé] par une technique psychothérapeutique qui à ses débuts avait comme modèle le conditionnement et comme idéal la scientificité. L’imaginaire et la médiation, voilà des champs que la psychanalyse explore depuis bientôt 150 ans ! Se pourrait il que TCC et psychanalyse puissent dans les mondes numériques trouver des points d’articulation suffisants pour échanger ?
On pourrait faire critique à l’article de ne pas exposer le travail des psychanalystes. Mais il faut dire qu’ils s’ approchent de ce champ avec une pusillanimité étonnante si l’on garde à l’esprit tous les atouts qu’ils ont pour comprendre et utiliser cette médiation.