Peut être en avez vous entendu parler ? Les professionnels de la santé sont sur les dents. Roland Gori et quelques autres ont lancé un Appel des appels ; les différentes facultés de psychologie rejoignent peu à peu  le mouvement national de l’ enseignement supérieur et de la recherche. Partout, les budgets se resserrent. Partout les conditions de travail et de formation deviennent plus difficiles. Cela pourrait encore se comprendre. Après tout, on pourrait se dire que dans une situation difficile, la solidarité est encore plus que nécessaire. Le problème vient de ce que les différentes restrictions et réaménagements provoquent des effets qui sont à l’opposé de ce qui est visé. Dans les lieux de soin, sous l’impulsion de la loi 2002 sur le handicap, les soins sont devenus plus compliqués à mettre en place. Souvent, les professionnels du soins se vivent dans une situation paradoxale : ils sont d’accord avec l’idée générale qui leur est imposée, mais mettre en oeuvre ce qui leur est demandé produit les effets inverses de ce qui est demandé sur la qualité du service rendu.

 

Bien entendu, le net est mis a contribution pour organiser les différents mouvements et faire circuler l’information. Le point de départ a été donné par la pétition Pas de zéro de conduite en réaction une étude de l’INSERM sur les troubles de la conduite de l’enfant et de l’adolescent. L’Appel des appels déjà cité est aussi en ligne et on ne peut que lui souhaiter de capter les énergies de travail

Je suis heureux de voir que les difficultés ou les questions que nous rencontrons en ligne ont un écho sur le réseau. J’ai toujours été convaincu que le réseau pouvait nous offrir une occasion de rencontrer les autres d’une autre façon que celle que nous utilisons dans notre travail. Cela nous permet de croiser les regards, les points de vue, d’échanger, de discuter. Ou plus exactement, cela devrait nous permettre de faire tout cela.

Il faut dire que nous avons collectivement pris du retard pour investir le réseau. Beaucoup d’entre nous sont encore circonspect et ne connaissent de celui-là que ses aspects les plus déplaisants : l’ anonymat, la diminution de la responsabilité, la faiblesse des liens, la surcharge de l’information… Pour des personnes dont l’ essentiel du travail est basé sur la personnalisation, la responsabilité, l’investissement de l’autre, on comprend que cela puisse être un repoussoir.

Aussi, voir quelques uns se regrouper sur l’Internet est pour moi une satisfaction. Pourtant, j’ai peur que ces moyens soient inefficaces parce que l’Internet a changé. Les conversations se déroulent la plupart du temps sur des groupes fermés comme des listes de diffusion; elles sont donc perdues pour le plus grand nombre et est perdu aussi les occasions d’invention et de créativité que la serendipité contient. Trop souvent encore, ces groupes sont organisés sur les logiques du premier web : un site informe d’une situation, d’un objet. Parfois il permet une discussion par un forum.

Aucun ne fait lien vers les digg-like qui sont pourtant puissants relais de l’information.. Aucun ne ne tient un blogue, qui est pourtant un dispositif d’écriture et de partage permetttant à la fois de clarifier ses idées pendant le travail d’écriture et de les mettre à l’épreuve des autres en s’ouvrant à leurs commentaires. Aucun ne tient un compte Twitter qui permet des liens a la fois hyperlocaux et d’informer au plus près. De fait, aucun ne produit le nuage d’information suffisant qui leur permettrait de percer hors de la mutitude.. Les sites ne permettent d’atteindre que ceux qui sont déjà hyper-concernés. Ceux-là, de toute façon, auraient été touchés par l’information. Ceux qu’il faut toucher, ceux avec qui il faut discuter, ce sont ceux qui sont moins concernés ou opposé a l’entreprise que l’on soutient.

 

Ma crainte est de voir qu’au moment ou les professionnels de la santé, du soin et de la relation commencent à investir le réseau, ils n’en ressentent pas les pleins effets parce qu’ils seront sur des dynamiques qui sont déjà anciennes. De ce fait, les effets négatifs  liés a toute entreprise seront perçus de façon d’autant plus aiguë que les effets positifs seront atténués.

 

Pour beaucoup, il faudra sauter le pas : comprendre et assimiler les dispositifs et les dynamiques du web 2.0 sans avoir eu tout à fait le temps de passer par l’étape web 1.0. Pour faire passer une idée, le minimun est de passer par les trois dispositifs que je viens de donner : le blog, les digg-like, twitter…  Pour faire passer une idée sur le réseau, il est nécessaire de passer par les nuages et leurs multitudes. Cela ne va pas sans quelques inconvénients, mais aujourd’hui la diffusion d’une idée ou d’une position sur le net ne peut se faire qu’à ce prix

 

Qu’est ce qu’un digg-like ? http://unearaigneeauplafond.fr/digg-like-francophones

Un article qui fait le point sur les digg-like : leur origine, les digg-like francophones et leur popularité

Twitter http://www.spintank.fr/a-quoi-nous-sert-twitter/

Un article d’une société explicitant les usages qu’elle a de Twitter