L’[W:analyse des réseaux sociaux] est une méthode d’analyse permettant d’explorer la morphologie et la dynamique des réseaux sociaux. Son histoire mêle la sociométrie de [W:Jacob Moreno] et la théorie des graphes de mathématiques. L’expansion du réseau Internet et la disponibilité des données lui donnent une nouvelle ampleur.

Cette expansion du réseau et l’arrivée des sites de réseau social a également donné naissance à un nouveau métier : les “community manager”. Ce sont des personnes qui sont en charge d’animation et de médiation d’un réseau social. Le community manager met en contact la marque, l’entité politique ou administrative qu’il représente et une communauté. Il assure également une veille des contenus qui sont produits sur le réseau.

L’analyse des réseaux sociaux peut donner aux community manager des éléments de réflexion et de travail intéressants. Il y a cependant une double difficulté : la prise en main des outils et l’interprétation des résultats n’est pas évidente. Recevoir une liste de chiffres associés a des variables aux noms cabalistiques comme indegree, centrality, betweeness,, ou k-core peut laisser rêveur.  Jusqu’à présent, l’analyse des réseaux sociaux est restée dans le domaine académique, faute d’une traduction suffisante des résultats.

Une communauté est un ensemble de personnes maintenues ensemble par un lien. Ce qui est commun est partagé différemment par les membres d’une communauté. Par exemple, dans une communauté dédiée a un jeu vidéo, certains passeront beaucoup de temps sur le forum, d’autres ne feront que répondre, d’autres ne feront que lire etc.. Une communauté travaille sur les registres conscients et inconscients. Consciemment, elle se donne des objectifs et tente de les atteindre (développer un logiciel, soutenir une équipe, être ensemble en ligne) et inconsciemment elle poursuit de tous autres buts. Les buts conscients et inconscients de la communauté correspondent a deux groupes : le groupe de travail et le groupe de base. Les interactions de ces deux groupes peuvent se faire de façon conflictuelle ou en synergie. L’exaltation du début des communautés, par exemple, est un effet de cette synergie.

Une communauté pourra être dynamique et créative si les membres ont suffisamment de liens entre eux pour supporter les départs, tout en pouvant construire encore de nouveaux liens sans risquer l’asphyxie. En somme, une communauté est vivante et saine si elle peut supporter la perte comme l’ajout.

L’analyse des réseaux sociaux permet d’explorer la cohésion de l’ensemble et des acteurs. Dans l’analyse des réseaux sociaux, chaque acteur est représentée par un nœud et la relation qu’il entretient avec un autre acteur est marqué par un arc est possible de calculer la cohésion de l’ensemble, la connectivité d’un acteur, ou encore de repérer les zones denses de la communauté.

La densité du réseau donne une mesure des relations constituée par les acteurs. Plus la densité est élevée, plus on s’approche du nombre maximum de connexions possible. Cela signifie que lorsque la densité est faible, les liens a l’intérieur de la communauté sont encore insuffisants. Par contre, lorsque la densité est forte, la seule manière pour la communauté de se développer est d’accueillir de nouveaux membres.

Toute communauté comporte un noyau dense. C’est un sous-groupe de la communauté, souvent estimé, parfois attaqué mais qui propulse la communauté dans son ensemble. Ces noyaux sont à reconnaitre et à soutenir et on peut reconnaitre leurs membres avec le nombre de messages et le temps de connexion. Mais ces variables ne sont pas suffisantes : quelqu’un peut poster beaucoup et être a la périphérie du groupe parce que peu apprécié. L’analyse des réseaux sociaux apporte en plus une radiographie de ces noyaux : comment ils sont constitué, comment ils évoluent, et leur place dans l’ensemble. Ces noyaux denses sont également à surveiller parce que c’est d’eux que partent les raids des trolls.

La communauté peut être organisée autour d’un seul individu. Il sera alors en position central, et toute la dynamique du groupe se jouera en fonction de cet acteur. Une communauté organisée autour d’un seul acteur est en danger potentiel car son départ la plongera dans le chaos et le désarroi. Il est possible que d’autres leaders en émergent, mais il est également possible que cela donne un coup fatal au développement de la communauté

Les communautés sont souvent composées de plusieurs groupes. Ils peuvent être interconnectés par des acteurs particuliers qui jouent alors le rôle de médiateurs. Il est important de les connaitre car la disparition de ces chevilles ouvrières peut briser la communauté en  plusieurs parties. Il arrive également que de façon durable une communauté soit divisée en sous-groupe. Le monde du logiciel libre a trouvé une solution élégante a cet état de fait : le fork permet a chaque sous-groupe de se développer indépendamment et d’éviter que l’ensemble ne soit pris dans des guerres civiles couteuses.

Certains acteurs peuvent être très mal connectés à l’ensemble. Le travail du community manager pourrait être de les repérer et de les aider à tisser les liens qui les mettront en contact avec la communauté.

 

Les outils de l’analyse des réseaux sociaux existent, mais il serait beaucoup plus élégant de penser leur implémentation au moment où l’on construit le logiciel qui va propulser le réseau social. Cela évitera la récolte des données et leur traitement qui est toujours une étape couteuse en temps. Cela permettra de visualiser les relations en ligne au moment où elles se produisent. Il est aussi important pour la communauté dans son ensemble que ces outils soient mis à sa disposition. D’abord parce que les données que l’analyse des réseaux sociaux utilise appartient à la communauté. Ensuite parce que cela lui permettra de mieux se penser.