"Le pouvoir aux pairs !" Voilà une des nouveautés de l’Internet. Le réseau permet, grâce à des modes de socialisation horizontaux, de ne plus avoir à faire aux vieilles hiérarchies verticales, avec ce que cela sous-entend comme rigidité, conservatisme, népotisme et autres "ismes" négativement connotés.

Il n’en est rien

P. F. Lazarsfeld a mené en 1942-1943 une étude sur l’influence de l’übermedia d’alors : la radio. Le discours dominant était que les postes de radio se répandaient en aux Etats-Unis et qu’ils étaient autant de points d’ entrée pour la propagande. P. F. Lazarsfeld a montré que non seulement le taux d’équipement n’était pas aussi important qu’on le pensait, mais que les opinions étaient stables et que les changements devaient beaucoup plus aux proches (famille, amis) qu’aux discours transmis par les médias.

Pour P. F. Lazarsfeld, l’exposition au média ne constitue pas une influence suffisante et il propose un modèle en deux étapes ("two steps flow"). L’influence coule en deux temps, des leaders politiques aux personnes influentes dans les communautés.

L’organisation horizontale de l’Internet et le fait que nous accordions plus de crédit à nos pairs  n’est donc ni une nouveauté, ni spécifique au réseau. Le web 2.0 a la facheuse tendance a oublier l’histoire et même sa propre histoire comme le montre l’excellent article de Trebor Scholz  Market Ideology and the Myths of Web 2.0

P. F. Lazarsfeld  a été de ceux qui ont rapproché la sociologie et les mathématiques. Il a mis au point des méthodes de recueil et de traitement des données : panels, analyse multivariée, analyse de contenu. Pour une telle approche, l’Internet est un lieu rêvé, puisque les interactions sociales laissent des traces qui peut être recueillies et traitées

 

Ressource académique : Locus of peer influence : social crowd and best friend