Je suis toujours étonné lorsque l’on me parle de virtuel. L’usage que j’ai de l’Internet ne correspond pas et n’a jamais correspondu a ce qualificatif. De [W:Usenet] à [W:Twitter] en passant par les jeux vidéo, Internet m’a toujours bien concret et tangible.
S’il fallait à tout prix maintenir un lien avec le monde des images, je dirais que l’internet est un miroir. Ce n’est pas seulement le miroir des narcissismes comme on l’avance parfois un peu vite. C’est un miroir dans lequel on peut voir les autres nous voir. C’est aussi un miroir dans lequel on peut s’apercevoir.
L’effet des avatars
Une étude ((The Priming Effects of Avatars in Virtual Settings)). publiée dans le Communication Research de Décembre 2009 le met clairement en évidence [source]. Les participants à l’étude avaient d’autant plus un comportement antisocial selon qu’il ont joué ou non avec un avatar évoquant le KKK. Des nombreuses études en psychosociologie ont déjà montré que porter un certain type d’habit avait un effet sur les interactions en face à face. Nous savons maintenant que les habits peuvent être simplement représentés par un avatar. ((La conséquence de cette étude est qu’il est possible d’orienter les relations en ligne d’une communauté en présentant un certain type d’avatar. Des avatars agressifs ou étranges coloreront les interactions de la même couleur ))
Ou sont mes pancakes ?
Le 17 octobre à 11 heures 49, Rodney Bradford met à jour son profil Facebook : “Ou sont mes pancakes. Ces quelques mots deviendront un alibi lorsque la police l’arrêtera le jour suivant pour vo [Source: fort-greene.blogs.nytimes.com]l. Parfois, les traces laissées en ligne permettent de retrouver l’auteur d’un délit. Ainsi, un voleur qui avait pris le temps de se logger sur son compte Facebook a pu être retrouvé par la police.
D’autres affaires de justice montrent comme le “virtuel” s’immisce dans toutes les parties de la vie quotidienne, jusque dans les soins. C’est ainsi qu’une compagnie d’assurance américaine a refusé de prendre le charge le traitement d’une adolescente anorexique au motif que les messages qu’elle a laissé sur le réseau Internet prouvent que ses difficultés avaient une origine émotionnelle. En effet, dans l’état de résidence de la jeune fille, le New Jersey, les compagnies d’assurance ne sont tenues de prendre en charge les traitements psychologiques que si la pathologie a une origine biologique [Source]
De facebook au tribunal
Les chroniques permanentes que sont les comptes de sites de réseaux sociaux se révèlent être des trésors pour les avocats et les juges. Les preuves d’adultère ou de transgression s’y récoltent facilement tant l’habitude est prise de conserver une trace d’un événement par un update sur un ou plusieurs réseau social. Les photos de la visite de Disneyworld, de sa dernière conquête, de ses exploits sportifs risquent de devenir des armes dans l’enceinte d’un tribunal. Les avocats s’attendent maintenant a traiter des cas plus compliqués dans lesquels l’authenticité sera la principale question car il est facile de créer un faux compte pour se faire passer pour un autre afin de l’exploiter dans le cadre d’un divorce difficile
Est ce que je n’ai pas grossi ?
Une étude publiée dans le journal of Virtual Life [source] montre le lien qui existe entre les avatars de Second Life et les personnes qui les anime : 80% des personnes qui ont une activité physique importante dans Second Life ont également une activité physique dans l’espace hors ligne. La recherche a également montré que lorsque la personne était interviewée dans Second Life par un avatar mine, elle avait davantage tendance a se penser comme mince que lorsque qu’elle était interrogée par un avatar obèse. Elles donnent également un IMC((Indice de Masse Corporel)) plus important lorsqu’elles répondent à un avatar obèse.
Il conviendrait plutôt de dire qu’il n’y a jamais eu de virtuel au sens qu’il lui a été souvent donné, à savoir celui d’un contraire du réel. Heureusement certains auteurs, comme Pierre Lévy, ont su le dire assez tôt. Cela n’empêche pas de qualifier certains univers de “virtuels” à bon droit mais à condition de savoir expliquer ce que ça veut dire, étant donné, comme tes exemples le montrent, que les frontières entre le online et le offline sont très minces. Soit il faut dire qu’il n’y a jamais eu de virtuel (si on entend par là un contraire du réel), soit il faut dire qu’il y a toujours eu du virtuel mais peu de gens comprennent ce que ça veut dire et en quel sens.
Je me rappelle aussi que feu Gilles Châtelet (l’auteur de “Vivre et penser comme des porcs) avait fait toute une démonstration mathématico-philosophique pour expliquer (d’après ce que j’ai compris) que le “virtuel” n’est en fait que la partie du réel qu’on ne connaît pas encore.
L’article se trouve ici : http://www.revue-chimeres.fr/drupal_chimeres/files/02chi05.pdf
Je retiendrai en particulier cette phrase, tirée de l’avant-dernière page :
“Pour le fascisme, la virtualité c’est le scandale, ce
n’est pas « tangible » ; le fascisme ne comprend rien à la virtualité, donc pour lui l’événement est nié ; or il y a une
impatience d’événement dans le fascisme, il faut qu’il se
passe quelque chose à tout prix, c’est la théorie de la volonté.”
Je ne savais pas où poster ça, mais j’ai l’impression que tu vas avoir du boulot : http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-locale/Beauvais-Clermont/L-addiction-aux-jeux-video
oh moi je ne suis que tank secondaire, je pense que Serge Tisseron aura davantage a faire que moi ! Mais c’est fatiguant de voir et de lire les même bêtises a propos du jeu vidéo