Je fais ce soir à Périgueux, dans le cadre des journées d’études organisées par le Centre Médico Psycho Pédagigue A. Boulat, une intervention sur l’identité numérique. J’interviendrais après une collègue qui parlera du travail du psychothérapeute en CMPP, et la liaison ne sera pas commode. D’une part il faudra faire la transition entre le ce qu’une relation peut avoir de plus personnalisé : la relation psychothérapeutique, et d’autre part il faudra . J’ai choisi de reprendre une partie de mon intervention a CarmMEd en la raccourcissant un peu et en apportant un nouveau cas  : Anonymous vs Boxxy  et de parler des jeux d’identité

Anonymous est vraiment un phénomène étonnant : comment un lien social peut-il être maintenu dans un tel anonymat ? Comment un groupe peut il survivre dans un tel climat de méfiance, de paranoïa, de tels désirs de maîtrise et d’omnipotence ? Plonger dans la caverne de /b c’est plonger dans le claustrum décrit par Donald Meltzer. C’est s’immerger dans un monde de tyrannie dans lequel le sadisme, la violence, la tyrannie et la soumission sont les maîtres mots. "Religion satanique" disait Meltzer dans lequel chacun vénéré le "grand pénis fécal". C’est un univers dominé par la "mentalité de groupe" (Bion, 1961). L’omnipotence, la grandiosité, l’idéalisation y sont les principaux processus. Anonymous est sans aucun doute une des faces noire de l’Internet.

Les jeux autour de l’identité sont également intéressants, parce qu’il jettent une lumière sur ce que nos identités en ligne mettent en jeu. Nous jouons tous avec nos identités en ligne. Nous sommes tous joués par elles. Par elles, une partie de notre fonctionnement inconscient peut transparaître. Les anglosaxons étudient ces jeux surtout sous l’angle de la tromperie (deception) et s’appuient sur la figure du [W:Trickster] : c’est à dire un personnage qui joue des tours pendables. Le troll que tous les forums connaissent serait donc un trickster tout comme toute personne comme qui s’invente une vie en ligne et trompe ses lecteurs. La figure du plaisantin est tout a fait intéressante car elle laisse la porte ouverte a des interprétations positive. Elle ouvre aussi sur la sexualité infantile dans ce qu’elle a de tumultueux et dérangeant. Les jeux d’identité auxquels on assiste sur le net, qu’ils prennent la forme de cas aigus comme Kaycee Nicole ou Megan Meier  ou plus banalement les questions que nous avons quant à ce que nous mettons en ligne sont en lien avec notre fonctionnement psychique. Nos comptes flickr, facebook, twitter et autres sont pour notre fonctionnement psychique "des caves et des greniers". Nous leur confions des émotions, des souvenirs, des fantasmes, avec l’espoir qu’ils y soient mis à l’écart, voire même scéllés a jamais, ou au contraire mis déposés pour être réinstallés à l’intérieur de la psyché.

 

Le propos général est donc de montrer une part du travail psychique que la présence sur Internet nécessite. Cette charge de travail est celle auquel nous confronte l’environnement non-humain et les multitudes.