Et mon droit à l’image ?

J’avoue que la question m’a surpris. Le droit à l’image ? Cette chose si XXième siècle ? J’avais oublié que certains pouvaient encore y être attachés. Il faut dire qu’au sein de l’assemblée générale de l’OMNSH, l’Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines, je ne m’attendais pas à ce que qui que se soit m’oppose ce fameux droit. J’avais fait quelques images et je les uploadais sur mon compte Facebook en attendant de les mettre aussi sur Flickr et Twitter, lorsque j’ai entendu l’objection :

Et mon droit à l’image ?

Ma première réaction a été un mouvement d’humeur. Qu’il aille se plaindre à Facebook avec son droit à l’image ! Il me semblait si naturel qu’à l’OMNSH on ait compris l’avantage de distribuer ainsi quelques images. D’abord cela fait connaître l’association. Ensuite cela fait connaître le chercheur. Enfin, cela fait connaître ses idées. J’ai fini par retirer la photographie parce que les positions qui ne sont qu’opposition sont rarement productrices de penser.

Mais peut être est ce que cette histoire recèle quelques enseignements ?

Il semble que nous n’ayons pas tous pris en compte le fait que nous sommes maintenant “toujours on”. Ou que nous soyons, nous produisons des données qui se retrouvent tôt ou tard sur le réseau. Ce mouvement ne peut que s’ accélérer parce que les possibilités de mettre un contenu en ligne sont de plus en plus nombreuses. Nos voyages, nos goûts musicaux et cinématographiques, les vidéos que nous mettons en favoris sur YouTube, nos déplacements, nos lectures … tout cela se retrouve sur le réseau. Le réseau n’a mis que quelques années a recouvrir la quasi-totalité du territoire. Cette nouvelle couche est en train de s’organiser via des applications de réalité augmentée. Elle va -elle offre déjà – de nouveaux cadres pour penser et agir nos relations sociales.

Il ne sera bientôt plus possible de ne pas être sur le réseau. Etre sur un réseau social, cela veut dire que l’on accepte que les autres vous taggent et renseignent différents aspects de votre vie. Nos liens, nos navigations nous identifient d’une façon certaine. Selon l’humeur ou la sensibilité on se plaindra des atteintes à la vie privée ou l’on se félicitera de l’accroissement de la vie sociale

((Sur le sujet, on pourra lire InternetActu : La vie privée, un problème de vieux cons ? et son symétrique  InternetActu :Toutes les données sont devenues personnelles)).

Est ce la fin de la vie privée ? Certainement pas ! C’est simplement la fin de la vie privée telle qu’on pouvait encore l’entendre il y a dix ans.

Je crois que la chose qui m’a le plus surpris dans cette histoire est la profonde méconnaissance de la façon dont fonctionne le réseau. Un contenu en ligne ne se supprime pas. Il devient indisponible, mais il est tout a fait illusoire de penser qu’il a été détruit à jamais. La réalité des mondes numériques n’est pas celle du monde offline.

 

Et vous, votre droit à l’image ?