La percée des réseaux sociaux dans la culture française continue. Cette semaine, deux événements me semblent particulièrement représentatifs de ce mouvement. Le premier est la réclusion volontaire de journalistes dans la webosphère, la seconde est la mise en place d’un tweet live à propos de l’interview de François Fillon par Europe 1 et plus exactement par Patrice Thomas. Vingt personnes ont été choisies pour faire par de leurs idées et impression au fil de l’interview.

J’ai récupéré les données avec NodeXL Mercredi à 10 heures 30 : tous les tweets qui portaient mention du hastag #E1Fillon ont été importées. 

La première chose qui étonne est la petitesse du graphe. Seuls 102 acteurs ont participé au hashtag #E1Fillon et ont généré 301 liens. C’est vraiment peu, surtout si on le compare a #TEDxParis où 400 acteurs ont généré plus de 90.000 liens.Il semble que l’événement ait peiné à percer dans la twittosphère, soit que les personnes qui en ait eu l’initiative n’aient pas disposé d’un réseau suffisamment puissant pour l’annoncer au-delà de leur réseau, soit que les personnes sur twitter ne soient pas très intéressées par ce type d’événement.

 

Les professionnels au centre de la conversation

En regardant le profil des personnes ayant participé à #E1Fillon, il est possible de de tirer des informations sur la composition du réseau.. On constate que la conversation est principalement faite par des journalistes (carrés rouges), des community managers et des attachés de presse (ronds rouge foncé) : l’événement #E1Fillon a surtout rassemblé des professionnels.

Graphe de #E1Fillon

 

Les journalistes ne sont pas les plus nombreux : ils composent seulement 11% de la conversation. Mais lorsque l’on parle de poids et d’influence, c’est vers eux qu’il faut se tourner !

Le degree est une première valeur de l’influence dans un réseau. Elle correspond au nombre de liens entrants vers un acteur et au nombre de liens sortant du même acteur. Les liens entrants sont appelés indegree et les liens sortants sont appelés outdegree. On a là deux mesures distinctes : la première est une mesure de l’attention produite par un acteur, tandis que la seconde est une mesure de l’attention qu’il génère.

 

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Ces valeurs recèlent ici une surprise. Parmis les personnes qui ont le degree le plus elevé certaines ont produit peu d’information. Celles qui en ont produit le plus sont étrangères au journalisme : cdeniaud est CM, Mancioday est blogueur et CM et  Rosselin est ingénieur média. il semble même, si l’on s’en tient à ces valeurs, que l’on l’on produit de l’information, moins on reçoit de l’attention.

Sans doute est ce que les journalistes bénéficient ils ici de leur notoriété, et la conversation pâtit d’un certain effet fan que l’on peut noter sur le net : puisqu’il est facile de parler aux célébrités, on ne manque pas de le faire.

Au final, le grand mélange promis par les réseaux sociaux ne s’est pas fait : les journalistes et autres professionnels restent a part des autres membres du réseau. Ce sont eux qui aggrégent le plus d’attention

 

Cette interprétation est confirmée par quatrième valeur du tableau. L’Eigenvector centrality est une mesure plus précise de l’attention que le degree. Quelqu’un qui poste beaucoup aura un degree important, mais il n’est pas sur que

 

Pour finir, le graphe des 10 personnes les plus influentes pour #E1Fillon au 3 février 2010 à 10 heures 30

 

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N.B : On remarquera le silence des formations politiques qui manquent encore trop souvent des occasions de se faire entendre sur Twitter.

N.B. D’autres graphes du réseau ont été réalisés avec Pajek.. Le réseau a été éclaté en ses différents composants (k-cores) pour en trouver le coeur.

Image 1 : k-core =1Image 2 : k-core =2Image 3 : k-kore =3

N.B.: les données sont partagées sur un google doc #E1Fillon