Avec un demi milliard de compte, Facebook fait partie du quotidien de beaucoup de familles. Comment est ce que les parents et les enfants font avec cette nouvelle donne ? Comment est ce que Facebook influence les interactions parent-enfant ? Comment est ce que la communication sur Facebook influence l’intimité dans les relations parent- enfant ?
C’est à ces deux questions que répond une étude de trois chercheurs de Singapour ((Facebook est utilisé par 2,3 millions de personnes et a un taux de pénétration de 48% selon Facebakers)). La méthode utilisée est celle de l’entretien de 17 couples parent-enfant. Les enfants vont de 15 à 25 ans tandis que les parents ont de 46 à 53 ans. Les sujets sont tous chinois, à l’exception d’une personne qui est indienne. Parents et enfants sont interviewés séparément
Il y a indubitablement un contexte culturel à prendre en compte. Du point de vue occidental, certaines relations parent-enfant décrites dans l’article apparaissent au moins comme problématiques, mais il est possible qu’elles soient suffisamment amorties par la culture pour ne pas poser de difficulté importantes à l’enfant
Les résultats de l’étude sont très éloignés des craintes que l’on nourrit habituellement à propos de Facebook.
La première conclusion est que Facebook offre un objet de conversation supplémentaire. C’est un objet commun à l’enfant et au parent, et à ce titre il peut aider à la création de nouvelles complicités ou au renforcement de complicités anciennes. C’est Facebook dans son ensemble qui est un objet de conversation, et pas seulement ce qui concerne le compte de l’enfant ou du parent. On y commente ce que l’on l’on peut y voir. Facebook permet également de se découvrir autrement : "je ne savais pas qu’elle avait autant d’humour. Elle ne me parle pas comme cela à la maison” dit un parent
Facebook est également un espace dans lequel chacun s’assure de ses liens avec l’autre. Le fait d’être accepté comme “ami”, la rapidité avec laquelle l’autre réagit aux update… donne une idée de la qualité de la relation. L’utilisation de Facebook a également permis aux parents de prendre davantage conscience du besoin d’intimité des enfants. L’expertise des plus jeunes change considérablement la coloration des relations parents enfants. Le pouvoir change de camp, ce qui dans la société chinoise qui fait une si grande place au culte des ancêtres est une modification majeure des relations parent-enfant.
Lorsque le lien parent enfant était jugé suffisant par les deux parties, l’impact de Facebook sur les relations était faible. Facebook pouvait être utilisé par un parent pour se rapprocher de son enfant, avec ou sans son accord.
En somme, Facebook est un outil qui permet surtout à ceux qui ont de bonnes relations de les établir également en ligne. Etre “amis” sur Facebook est un signe de confiance envoyé par les enfants aux parents. Coté parent, le site de réseau social fonctionne comme un pont qui permet a deux générations d’être en contact. L’horizontalité du réseau social permet également de réduire la dissymétrie de la relation d’autorité : sur Facebook, tout le monde est dans le même bain, et les même règles s’appliquent pour tous.
Les auteurs trouvent que la vie partagée sur Facebook a un effet positif sur les relations parent-enfant. Elle a permis aux enfants d’avoir un peu plus d’intimité mais aussi elle donne aux parents et aux enfants de nouveaux sujets de conversation et de nouvelles activités partagées, comme naviguer ensemble sur Facebook
Welcome to Facebook: How Facebook Influences Parent-Child Relationship
Vivian Hsueh-hua Chen, Tiffany Goh, Weiyi Li
Nanyang Technological University, Singapore
Crédit Photo : facebook website screenshot
par Spencer E Holtaway
Y’a quelque chose d’intéressant derrière l’idée, mais la part de la culture, comme tu le précises doit jouer un certain rôle, un rôle certain même…
@Dalz Si des relations aussi codifiées que celles des familles chinoises sont assouplies par Facebook, on peut penser qu’en occident il y a aussi des effets facilitateurs
“L’horizontalité du réseau social permet également de réduire la dissymétrie de la relation d’autorité : sur Facebook, tout le monde est dans le même bain, et les même règles s’appliquent pour tous.”
A voir si la relation n’est pas inversé. Le parent pourrait être en plein apprentissage de l’outil tandis que l’enfant maitrise l’outil.
Dès lors, l’enfant serait figure d’autorité dans ce qu’il faut faire et ne pas faire et le parent est à la découverte.
Enfin que je parle d’enfant le terme est large et tout ça n’est qu’une hypothèse ;)
Effectivement l’etude parle d’une inversion des rapports avec des enfants qui prennent en charge une fonction de la parentalité : ce sont eux qui protègent leurs parents en leur indiquant quels faux pas éviter
Je crois que sur ce sujet, les travaux d’alice miller sur l’enfance sont indispensables et tellement méconnus:
http://alice-miller.com/
http://www.dailymotion.com/alicemiller
http://alice-miller.blogspot.com/
Je rajouterais que facebook n’est qu’un support, les enfants s’y comportent comme leur éducation parentale leur permet
@roblin Alice Miller n’est pas totalement méconnue, mais c’est vrai que sont travail n’est pas suffisamment connu. Merci pour les liens !
Quelqu’un peut il expiquer comment 17 couples vivant dans une mini dictature serait en quoi que ce soit représentatif des 500 millions d’usagers de Fesse bouc???
Une piste : ce sont des êtres humains.