L’idée est assez répandue : l’internet est le tombeau de l’orthographe. Partout, des fautes, des coquilles, des accords mal faits, des traits d’union oubliés, des accents délaissés… Comme si un fléau ne suffisait pas, il faut y ajouter les téléphones. Qui ne s’est pas plain du fameux langage SMS qui vient jusqu’à envahir … l’internet ! Sur le réseau, des bannières Stop SMS ont été dressées et la bataille contre le mal écrire fait rage.
L’orthographe est certes une passion française. Notre système d’ instruction est très tatillon sur ce point, et le bien écrire est considéré comme un signe d’intelligence. Une orthographe hésitante, ou une concordonance des temps mise à mal ? On considérera rapidement l’auteur comme inculte et son point de vue comme insignifiant. En dehors de la France, le relâchement de l’orthographe a été également noté et les même mécaniques ont été appliquée : puisque les forums sont pleins de fautes, alors c’est bien la preuve que l’Internet n’est pas le média de la culture que certains voudraient qu’il soit. Il est au contraire le plus sur instrument de l’abaissement des intelligences. Mais on ne s’en étonnera pas car les jeunes et les jeunes adultes constitueraient la génération la plus bête
Des fautes d’orthographe ? Non, une révolution !
Une étude de l’Université de Standford datant de 2005 donne un autre point de vue Elle a porté sur 15000 textes écrits par 189 étudiants pendant cinq années. Elle montre que les textes sont pour la plupart des textes d’initiative personnelle. Les étudiants n’écrivent pas seulement pour répondre à une commande de l’institution scolaire, ou pour communiquer avec leurs proches. Ils écrivent également pour réaliser des projets extra-scolaires. En somme, contrairement à certaines craintes, ils n’ont pas perdu le goût de l’écrit.
Interrogée par Wired, le professeur Andrea Lunsford n’y va pas par quatre chemins : elle rapproche ces changements du miracle grec et fait des jeunes scripteurs des adeptes de l’ancien [W:Kairos]
nous sommes au milieu d’une révolution littéraire d’une ampleur telle que nous n’en avons pas vu depuis la civilisation grecque. Andrea Lunsford
Je ne suis pas sûr que l’on puisse aller jusque là. L’étude porte sur des étudiants de Standford et il n’est pas sûr qu’elle puisse être étendue a tous les étudiants. Elle est plus qualitative que quantitative. Cependant, elle a le mérite présenter les plus jeunes autrement que comme des imbéciles illettrés massacrant le bien commun.
Il faut se souvenir que dans les années 80, en France, des voix s’élevaient pour dénoncer les ravages de l’image sur les enfants. On critiquait les manuels qui, pensait-on, comportaient trop d’images. On vilipendait la télévision. On en appelait au texte et au texte seulement : que les enfants forment des images dans leurs têtes à partir de ce qu’ils lisent !. Les bande-dessinées étaient régulièrement mises au pilori. Ce sont a peu près les même qui aujourd’hui se plaignent de l’Internet. Avant, la séduction des images éloignaient les enfants du texte. Aujourd’hui, on écrirait trop et trop mal.
Voilà ce qui sans doute fait problème : ce que l’on demande aux enfants, c’est d’être des lecteurs. Qu’ils assimilent les classiques. Qu’ils se confrontent à Molière, Racine et autres Boileau. Qu’ils s’assimilent a la belle morale du XVIIIe. Qu’ils se disciplinent. Mais qu’ils produisent ? Non ! Qu’ils soient des auteurs ? Non ! Ce dont on se plaint, finalement, c’est que le système scolaire remplisse son office : les plus jeunes sont revenus au texte. Ils bloguent, ils commentent, ils mettent à jours leurs statuts sur les réseaux sociaux. Ce ne sont plus seulement ceux qui sont à l’aise avec l’écrit qui sont présents à l’écriture. Les besogneux, les honteux de la faute d’orthographe, les handicapés de la règle de grammaire, ceux-là aussi maintenant écrivent. Et avec plaisir.
On ne m’empêchera pas de penser que c’est tant mieux.
Ceux qui écrivent souvent le font de mieux en mieux, certes. Ce qui écrivent rarement ne doivent pas vraiment apparaître dans les statistiques – Les CV dactylographiés ou manuscrits sont souvent bourrés de fautes d’orthographe. On voit rarement de bons blogs écrits par des personnes ayant le niveau courant d’un bachelier. N’oublions pas que pour une personne écrivant sur un blog il y près de cent autres Internautes qui ne font que lire, je passe sur les Internautes quasi analphabètes.
Très bien mais je n’ai pas compris cette phrase ( 4ème paragraphe ) :
“…Cependant, elle a le mérite de donner à les plus jeunes autrement que comme des imbéciles illettrés massacrant le bien commun.”
Ah, ça tombe bien, j’ai commencé à lire le livre “Dumbest Generation” pour voir ce qu’il a dans le ventre.
Pour l’instant, je constate que ce que l’auteur reproche par dessus tout aux moins de 30 ans, ce n’est pas tellement la culture du moment, mais plutôt le fait qu’ils ne s’intéressent qu’à ça (au détriment de tout ce qui était “avant”), et le fait que les “nouvelles technologies” ne leur servent qu’à rester absorbés dedans (au lieu d’ouvrir leur horizon). En tout cas, c’est ce que j’ai retenu de son point de vue.
Il s’en prend logiquement à ce qu’il croit être les chantres des bienfaits nouvelles technologies, dont les jeux vidéo (dont Steven Johnson, analysé d’une manière qui me paraît déloyale). Mais il s’en prend aussi, rapidement et mollement, aux générations précédentes, coupables d’avoir dénigré la culture classique auprès des plus jeunes, et d’avoir flatté l’ego de ces derniers pour ne pas vieillir eux-mêmes.
Affaire à suivre…
Erratum :
“Il s’en prend logiquement à ce qu’il croit être les chantres des nouvelles technologies (dont Steven Johnson pour les jeux vidéo …”
Comme ça, c’est mieux. Sorry !
@bibi je confirme que
ne veut rien dire ! Je corrige ça ! Merci
Grosso Modo
Toutefois, il a l’avantage de voir les plus jeunes, contrairement aux idiots analphabètes, tuer le bien commun.
Méthode: Texte (FR->EB-DE->FR) Avec retouches bien sûr