Je ne n’achèterai pas “Les avatars jouables” des mondes numériques : théories, terrains, et témoignages de pratiques interactives.

Le livre “Les avatars jouables” est le premier ouvrage francophone qui fait le point sur une question importante. Il a toutes les qualités pour devenir un ouvrage de référence. Les auteurs qui y ont participé sont connus, reconnus, et ont une véritable expertise sur les questions qu’ils traitent. L’ouvrage ouvre sur plusieurs disciplines : l’ethnologie, la sociologique, la psychanalyse, la philosophie

Je connais beaucoup des auteurs qui ont participé à ce livre. Certains d’entre eux sont des amis. Mais je ne lirais pas “Les avatars jouables”

Je ne l’achèterai pas pour une raison simple. Son prix.

Le livre est venu est vendu 97 euros. Pour donner un ordre d’idée, le World of Warcraft Reader, un livre majeur sur le même sujet et avec un volume de texte plus important, est en vente sur Amazon a 10 euros

97 euros, cela veut dire que les acheteurs sont principalement les bibliothèques universitaires. Vu la spécificité de l’ouvrage, on peut imaginer que peu de bibliothèques se porteront acquéreurs. Combien de copies seront vendues ? 100 ? 200 ? 500 ? Et plus importants, combien de lecteurs le livre atteindra ?

En fixant mettant un prix aussi élevé, l’éditeur, organise l’enterrement de première classe de mois de travail. “Les avatars jouables” aurait pu mettre en avant la recherche menée en français sur les mondes numériques. Les positions des auteurs auraient pu être discutées, commentées, évaluées. Un travail scientifique aurait pu en découler. Pour les auteurs qui sont des universitaires, il y a une double peine. Non seulement ils ne sont pas lus, mais ils ne sont pas cités. Or, la carrière des universitaires dépend des articles et chapitres d’ouvrages publiés. Les écoles doctorales sont également classées en fonction des articles de leurs professeurs.

A 97 euros le livre, rien de tout cela n’arrivera. Le livre, qui est présenté comme un espace de partage et de discussion des idées devient ici un espace de fermeture. il ne transmet pas des idées. Il les enterre.

Existe-t-il une solution ? Oui. Elle s’appelle Internet. Devant de telles politiques, je ne peux qu’encourager les auteurs a mettre en ligne LEUR travail. Qu’ils distribuent leurs textes sur torrent, qu’ils les partagent avec Mega, dropcanvas, Dropbox, Drive… Ce ne sera pas la première fois que des chercheurs manifestent ainsi leur désaccord avec la politique menée par des éditeurs. En 2012, des chercheurs ont protesté contre les pratiques d’un des plus gros éditeurs de revues scientifiques. Ils ont mis en avant que les prix exorbitants des abonnements aux revues, la pratique des abonnements groupés, les lois SOPA et PIPA sont finalement en contradiction avec le travail de la recherche qui est basé sur la libre circulation des idées.

Les scientifiques n’ont pas à accepter que les connaissances soient conservées par quelques entreprises ni que leur partage soit réservé à une élite. Est-ce faire tort à l’éditeur ? Ce n’est pas certain. Des éditeurs mettent des livres en téléchargement gratuit. On trouve par exemple chez O’Reilly l’excellent We The media en accès libre et gratuit

Libérez les PDF !

  • Armand, AMATO Etienne, and PERÉNY Etienne. “Les avatars jouables” des mondes numériques: théories, terrains et témoignages de pratiques interactives. Lavoisier, 2013.
  • Corneliussen, Hilde, and Jill Walker Rettberg. Digital culture, play, and identity: A World of Warcraft reader. Hilde Corneliussen & Jill Walker Rettberg. MIT Press, 2008.